Dans cet univers en mutation, un îlot de stabilité: l'Europe, la Suisse. Point d'attraction et de rayonnement d'un monde qui ne sait plus s'il doit s'ouvrir ou se fermer, comment accueillir et transmettre, comment survivre aux grandes transformations écologique, technologique, démographique. La musique, cet art du flux, peut-elle évoquer ce passage d'un monde à l'autre?
Les artistes d'Archipel 2020 découvrent des chemins qui relient, rêvent d'une humanité idéale sans limite entre les peuples ni les générations, ni même les arts. Christian Jost passe les Alpes avec les migrants
kurdes. Luciano Berio brasse les cultures. Karlheinz Stockhausen et Yann Robin inventent l'orchestre augmenté où la technologie prolonge l'instrument. Brian Ferneyhough transmet un savoir hérité de Klaus Huber, d'Arnold Schoenberg, et comme eux, forme la relève musicale. Will Guthrie construit un pont entre l'improvisation «à l'occidentale» et la musique du gamelan indonésien. Avec eux, Archipel 2020 emprunte ces passages qui fondent une civilisation sans démarcation, qui accueille et transmet, survit aux mutations technologique et démographique, idéal abstrait d'une Europe qui rechigne encore à l'appliquer concrètement.
Marc Texier
directeur général d'Archipel