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En prenant comme prétexte et comme fil rouge quelques mots de Through the looking-glass (De l'autre côté du miroir, de Lewis Carroll), iCi est un jeu de miroir et de mémoire sur la pièce chorégraphique ICI [de Mylène Benoît et Olivier Normand, pour laquelle Daniele Ghisi devait écrire une musique d'accompagnement. NDLR].
Pour passer d'ICI à iCi il faut précisément atteindre «l'autre côté du miroir», en opérant un changement de perspective : il ne s'agit plus de réagir dans l'espace en court-circuitant le temps (avec un délai et un mécanisme de copie), mais plutôt de réagir dans le temps en court-circuitant la mémoire. Dans ce sens, c'est l'ouverture d'une boîte de Pandore : on perd complètement la linéarité et la présence de règles monodirectionnelles, en engendrant des feedbacks qui échappent aux règles de la logique, ou bien des liens qui se retrouvent dans des bandes de diffractions entre logique et mémoire.
En conséquence, on retrouve dans iCi les éléments qui ont constitué le tissu sonore minimal de la pièce chorégraphique, ainsi que les «fantômes» de tout ce qui aurait pu être tissu sonore d'ICI, et l'exploration des routes qui, à un moment donné, dans le temps, ont été tentées et auraient pu être prises. La pièce musicale (qui, par rapport à la pièce chorégraphique, devient quelque part une «méta-pièce») se démêle donc dans des tableaux composites où ces influences croisées agissent.
De la même façon que le dispositif d'ICI nous oblige à basculer dans des paradigmes de vision (comme le miroir ou le cinéma), la dimension mémorielle force iCi à se rapporter aux paradigmes d'écoute de la musique et des mots : l'écoute médiate (radio, téléphone...), l'écoute passive ou involontaire (présence de sources musicales dans l'espace, conversations), la re-écoute (réelle ou dans la mémoire). Ces paradigmes, qui impliquent un travail citationnel, sont, bien sûr, aussi des façons d'attribuer dans la pièce une certaine valeur sémantique aux sons - parallèlement, les mots de Carroll perdent leurs propres traits sémantiques, en devenant des «méta-mots» (des sons qui gardent, comme une ombre, une trace - plus ou moins forte - de leur signification précédente).