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18.3.2011 20h00 Sons premiers
D.R.

En ouverture du festival, Jonathan Harvey apprend à parler à l'orchestre, comme un bébé de sa mère, à la recherche des formes spectrales perçues aux origines de notre vie. Les deux compositeurs anglais qui encadrent cette création se penchent aussi sur le langage et la régression. À la recherche de la chanson chez Benjamin, d'un père éternel - Bach - chez Birtwistle (ensemble Contrechamps le 18.3 à 20h).

Quand le compositeur contemporain emprunte à la musique classique ce n'est pas pour s'inspirer d'un modèle - le langage a tant changé - mais rendre un tribut à ses amours d'enfance. Bach l'a bercé, il lui doit bien cet hommage. Ainsi Holliger et Kurtág retrouvent l'atmosphère des contes de Schumann (Swiss Chambers le 27.3 à 12h30). D'Adamo réemploie l'effectif exact et les instruments d'époque de la Gran Partita de Mozart dans sa création Nuits-Cassation où le langage contemporain est renouvelé par les sonorités et les techniques d'autrefois (ensemble Philid'or, le 26.3 à 20h).

Le son premier c'est aussi celui que personne n'a entendu, le Big Bang créateur dont nous ne percevons que le rayonnement fossile. Cette survivance fantomatique d'une énergie absolue que Raphaël Cendo nous fait entendre dans son Introduction aux ténèbres : monde de cendres acoustiques inspiré de l'Apocalypse de Jean. Un au-delà de cette mouvance «saturante» née du rock, de la noise et de Romitelli, dont nous retrouverons les géniales harmonies tordues, distordues, liquéfiées de Professeur Bad Trip (Ensemble Orchestral Contemporain, le 27.3 à 16h).

Autre œuvre «cosmique», en 1979 John Cage illustre une lecture de Finnegans Wake par un gigantesque mixage des 626 lieux cités par Joyce dans son roman. Fleuve sonore incarnant le flux mental, ce mythique Roaratorio a inspiré à Sarkis une installation plastique et sonore qu'Archipel présente en collaboration avec le MAMCO. Plongés dans une obscurité absolue percée de quelques éclairs aveuglants, nous y découvrons le chef-d'œuvre de Cage comme le fœtus entend la jungle bruissante et anarchique où bientôt il vivra (Uni-Mail, 17.3 à partir de 19h et le 18.3 à partir de 21h).

Enfin deux performances mettent en scène la naissance et la mort, le mouvement et l’immobilité. Danse synchronisée de la lumière et du son dans les machines rotatives de Bolognini/D’Adamo. Corps inanimé du « fakir » Marussich dans la sérénité musicale de la partition de Corrales (du 17 au 27.3, Maison Communale de Plainpalais et Théâtre du Grütli).

Marc Texier
directeur d'Archipel