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Photo Régis Golay © Archipel, 2013

Dans les années 1920, la musique savante flirte avec les rythmes populaires. Milhaud, Auric, Stravinsky, Poulenc, Gershwin… Cocteau en fait un manifeste, Le Coq et l’arlequin. Tous au Music-Hall ! Aujourd’hui, la crise de modernité rigoriste passée, on peut y retourner. Ça ne se fait pas sans humour, ni second degré.

AU MUSIC-HALL

Cette « force de vie qui s’exprime sur une scène de music-hall » (Cocteau), la musique d’Oscar Strasnoy en regorge. Il invoque tous les poncifs de la variété d’autrefois. Il met beaucoup d’amour à faire revivre la chanson napolitaine de Renato Carosone, le folklore vénézuélien d’Adilia Castillo, le crooner Neil Sedaka, le rock décalé de Charly Garcia, les flirts de Michel Delpech, les thèmes de James Bond par John Barry, et même Bach s’il est recomposé par Ennio Morricone. Un moderne quodlibet pour notre plaisir nostalgique et fredonnant (MCP le 21.3 à 20h).

C’est aussi de la chanson italienne, frottole, strambotto et barzellette, que naît la forme la plus érudite de la musique vocale à la Renaissance, le madrigal. Les compositeurs italiens d’aujourd’hui s’en souviennent, qui ressuscitent le genre. Sciarrino, dans une somme inégalée d’écriture polyphonique 12 Madrigali, Francesconi en y greffant la dramaturgie de Heiner Müller dans Herzstück. Deux chefs-d’œuvre donnés en création par la star des ensembles vocaux, les Neue Vocalsolisten de Stuttgart (MCP le 20.3 à 20h).

Autre grand nom de la musique italienne contemporaine, Ivan Fedele se voit consacrer un portrait par l’ensemble Namascae. De Richiamo, à la création d’une nouvelle œuvre commande de Namascae, c’est une figure dominante de la scène européenne, et un grand pédagogue, que William Blank et son ensemble ont invité pour une académie d’orchestre dont nous présenterons les fruits.

BOB DYLAN & JIM MORRISON

Plus qu’aucun autre il a marqué la culture musicale populaire, touchant à tous les genres et les portant à leur sommet : rock, folk, blues, country, ballade… De David Bowie à U2, il a marqué tous les groupes, poètes et chanteurs. Mais il est plus rare que des compositeurs contemporains avouent publiquement leur dette envers sa musique. Jérôme Combier et Jonathan Pontier rendent hommage à Bob Dylan dans un concert scénarisé, où alternent chansons de Dylan orchestrées et créations. Sous l’égide du modèle par excellence du folk classicisé : les Folk Songs de Berio.

Loin des joliesses académiques de la musique contemporaine, il aime les sonorités souillées, le timbre violent, métallique, caractéristique d’un certain rock et de la techno. Fausto Romitelli, malgré sa disparition précoce, est devenu la référence d’une musique contemporaine qui n’est pas sourde à son temps et qui prospère maintenant dans le mouvement « saturationniste » des compositeurs Cendo, Bedrossian ou Zea. Dans Lost, qui n’a jamais été rejoué depuis sa création en 1997 bien qu’il la tînt pour la plus réussie de ses œuvres, Romitelli met en musique les poèmes de Jim Morrison, chanteur des Doors. Zea joue comme lui de l’ambiguïté électrisée des genres : rock ou contemporain ? Ce concert est aussi l’occasion de retrouver Thierry Fischer à la tête de l’ensemble Contrechamps (MCP le 24.3 à 20h).

Marc Texier
directeur d'Archipel