Remontons plus loin encore, à la préhistoire cinématographique, à la lanterne magique. Entre art et science, les images animées de la lanterne magique, plaques de verre peintes à la main et mécanismes miniatures conçus spécialement pour ce spectacle par les élèves de l'École d'horlogerie de Porrentruy, sont projetées sur un écran rond comme une lune au-dessus des pianos. Cet onirique théâtre d’ombres accompagne de ses divagations flottantes le sublime piano d'Alexeï Lubimov jouant la musique des deux rêveurs définitifs du XXe siècle : Satie et Cage, enfin réunis dans les volutes de l'au-delà par la talentueuse metteuse en scène Louise Moaty (samedi 28 mars 21h, MCP).
Comme Murnau, Kenji Mizoguchi (Japon 1898-1956) dépeint la société à travers le verre dépoli du songe. Empruntant au recueil de nouvelles d'Akinari Ueda, mais aussi à Maupassant, plusieurs histoires dramatiques ou fantastiques dans la société féodale nippone, Les Contes de la lune vague après la pluie est un film sur la condition humaine, d’une puissance et d’une justesse incomparables. Mizoguchi y aborde ses thèmes de prédilection : la violence sociale et naturelle, la prostitution, la condition féminine, la lutte de l’homme contre ses propres démons. Le cinéaste fustige la course effrénée au profit, la folie guerrière, les rêves de gloire factice. Porter à la scène le film de