Fausto Romitelli

Trash TV Trans  (2002)  #12mn
pour guitare électrique

Depuis que je suis né, je baigne dans les images digitalisées, les sons synthétiques, les artefacts. L’artificiel, le distordu, le filtré – voilà ce qu’est la Nature des hommes d’aujourd’hui.

Je crois que la musique populaire a changé notre perception du son et établi de nouvelles formes de communication. Longtemps, les compositeurs de musiques savantes, les «derniers défenseurs de l’art», ont refusé tout métissage avec des musiques «commerciales». [...] L’énergie sans limites, l’impact violent et visionnaire, la recherche acharnée de sonorités nouvelles capables d’ouvrir les «portes de la perception»: ces aspects du rock le plus innovateur semblent rejoindre les soucis d’expression de certains compositeurs contemporains.

Fausto Romitelli

Dans Trash TV Trance, Fausto Romitelli pousse le raisonnement jusqu’à l’extrême, au service d’un discours résolument engagé en même temps que distancié —

dans un esprit parfaitement résumé par le titre de la pièce — sur ce qu’on laisse parfois s’échapper des multiples appareils diffuseurs de sons et d’images qui meublent notre quotidien. Le guitariste (électrique) est seul en scène, avec un certain nombre de pédales d’effet disposées à ses pieds — rien d’extraordinaire, ce sont des pédales que la plupart des guitaristes de rock utilisent tous les jours. Solo délirant et plein d’humour, où le théâtral du jeu de l’interprète joue un rôle aussi important que son phrasé nerveux, haché, saturé jusqu’à l’interruption, l’œuvre procède par boucles obsessionnelles et zapping frénétique, larsens et faux contacts, tout en libérant par instants quelque envolée lyrique improbable et fragmentaire. Une œuvre sombre et drôle, mélancolique et puissante, tout à la fois.

Jérémie Szpirglas
Festival ManiFeste 2013