Wolfgang Amadeus Mozart

Quatuor pour flûte, violon, alto et violoncelle en La majeur K. 298  (1786)  #11mn
Andante, Thème et variations ■ Menuetto ■ Rondo: Allegretto grazioso

L’écriture du répertoire pour flûte de Mozart s’inscrit dans une période peu étendue, située entre les années 1777 et 1778, alors qu’il séjourne à Mannheim et Paris. Il apparaît que le compositeur n’a écrit pour cet instrument que sur demande – et pour cause ! La célèbre facétie du maître ne résonne-t-elle pas aujourd’hui encore à nos oreilles ? «Je ne connais rien de plus faux qu’une flûte, si ce n’est deux flûtes». Dix ans après les trois quatuors pour flûte K.285, Mozart se remet à l’œuvre avec le quatrième du genre, celui en La majeur, destiné à l’exécution privée de la famille viennoise du botaniste Jacquin.

Dans le cas précis du quatuor K.298, s’associe à l’utilisation de cet instrument souvent dédaigné, la volonté de parodier les quatuors d’airs variés alors en vogue à cette époque et, selon le musicologue Alfred Einstein (1880-1952), de «donner libre court à son mépris et à sa fureur devant la platitude» des musiques italiennes à

succès; l’œuvre de Paisiello Le Gare generose y est citée dans le mouvement initial.

De facture succincte, il transparaît de cette farce musicale, à l’instar des trois autres quatuors, un retour au style galant caractérisé par des mélodies faciles et empreintes d’insouciance. L’écoute de cette œuvre nous plonge ainsi dans un univers plus proche du divertissement que de la musique de chambre bienséante. Si cette œuvre composée entre les sommets d’écriture que constituent le Nozze di Figaro et Don Giovanni paraît anecdotique, elle ne peut vraisemblablement l’être que dans un but déterminé; Mozart rend d’ailleurs compte de ce détournement frivole, taquin et momentané du travail d’écriture très sérieuse par le sous-titre jubilatoire du dernier mouvement Rondieaux: Allegretto Grazioso, ma non troppo presto, pero non troppo adagio, cosi.. cosi.. con molto garbo ed espressionne («Gracieusement animé, mais pas trop vite, pas trop lent non plus, du reste, comme ci.. comme ça.. avec beaucoup de feu et d’expression»)

Orane Dourde