Christian Marclay

Screen Play  (2005)  #25mn
pour vidéo et ensemble

D.R.
En concert
Texte, montage et vidéo III - di 22.3 16h15

Vidéos

Je crois au pouvoir des images pour évoquer le son

Christian Marclay

Screen Play constitue l’une des partitions visuelles de Marclay dans laquelle les matériaux sont rassemblés de manière à constituer la représentation d'une performance sonore destinée à l’interprétation par des musiciens. L'intention de Marclay est que son film soit vu par les artistes comme une partition. Screen Play est compilé à partir de séquences cinématographiques que l’artiste colle de façon à obtenir un nouveau récit. Cette vidéo est recouverte d’animations numériques simples et colorées comme des lignes, des ondes ou encore de gros points rappelant la notation musicale traditionnelle. Ces repères visuels suggèrent émotion, énergie, rythme, hauteur, dynamique et tempo et servent de matière première à l’interprétation par les musiciens.

En suivant cette série d'images, un chef d’orchestre apparaît sur l'écran. Or il s’agit de l’une des séquences les plus explicitement liées à la musique dans Screen Play; l’œuvre est le plus souvent constituée d’images en apparence aléatoires de bâtiments, ouvriers et autres scènes sous-marines. Dans cet extrait, une ligne épaisse retrace

le chemin de la main du chef d’orchestre, jusqu'à ce qu’au fil du temps, son visage s’obscurcisse presque entièrement: l’art de Marclay contient un certain magnétisme et propose une vision du monde conforme à sa conception artistique personnelle.

Dans la séquence décrite ci-dessus, les actions du chef d’orchestre, destinées à donner des instructions aux musiciens, constituent également une nouvelle proposition symbolique. Il y a dans Screen Play le flux d’une conscience unique et particulière: à un moment donné, on assiste à une scène de poursuite aboutissant à une porte verrouillée suivie d’un gros plan de la serrure. Puis, alors que la clé se situe hors de la serrure, quelque chose explose sur le sol et la vidéo se poursuit par des séquences d’incendies de plus en plus hors de contrôle qui mènent alors à une scène au bord de l'eau. L'histoire se déplie et prend forme à partir d’une source préexistante différente, mais au travers de la compilation de Marclay les segments sont combinés en un ensemble fluide et cohérent.

Marc Wedenbaum
traduit de l'anglais par Orane Dourde