C’est par le biais de la Fondation Royaumont et de Sylvie Brély qu’Alexeï Lubimov et moi avons fait connaissance, et l’enthousiasme et la profondeur du dialogue artistique qui s’est établi entre nous depuis notre rencontre a confirmé la justesse de cette intuition.
Alors que j’avais toujours rêvé d’allier la lanterne magique aux pianos jouets ou préparés de John Cage, c’est Alexeï, que je contactai pour un concert-optique Satie, qui m’a suggéré d’y ajouter du Cage, mettant à jour leur lien de filiation et la proximité de leurs univers! Nous travaillons ensemble à l’élaboration du programme musical, passant librement de l’un à l’autre compositeur, selon une dramaturgie ludique, liée au rêve et à la poésie.
La maturité d’Alexeï, la profondeur et l’intensité de son jeu ne lui ont pas fait perdre son ouverture d’esprit et sa curiosité d’enfant. Je crois que c’est une grande chance pour le spectacle d’être nourri par cette magnifique personnalité.
La précision extrême des mécanismes animant les images de la lanterne magique m’a amenée à solliciter un partenariat auprès d’une grande école d’horlogerie à Porrentruy, dont les élèves devraient réaliser une partie des mécanismes. En nous faisant bénéficier de leur haute compétence technique, ils profiteront ainsi d’une occasion inédite d’appliquer leur savoir-faire dans le domaine artistique!
Enfin, c’est avec l’aide de la compagnie les Rémouleurs que je conçois la lanterne elle-même. Olivier de Logivière et Olivier Vallet, grand spécialiste du «Grand Art de la Lumière et de l’Ombre» - pour reprendre le titre du livre dans lequel Anathusius Kircher, en 1646, décrit la première lanterne magique – réalisera un machine sur-mesure, s’adaptant parfaitement à mes besoins en termes de distance et diamètre de projection,
De multiples collaborations, donc pour enrichir ce projet dans ses dimensions à la fois artistiques et techniques! Entre peinture et volume, figuration et abstraction, notre univers plastique puise son inspiration dans la longue traversée que propose le programme musical du spectacle.
Erik Satie se produisit à ses débuts au cabaret du Chat Noir, célèbre pour ses spectacles d’ombres, où il fit la rencontre des peintres symbolistes et nabis. Mais très vite, il s’intéresse à des formes plus explosives : les recherches cubistes de son grand ami Georges Braque, ou celles de Pablo Picasso, qui signe les décors du ballet Parade en 1917. Très proche du mouvement dada, il fréquente Tzara, Man Ray, Picabia ou encore Marcel Duchamp.
Ce dernier fait office de passeur entre les deux compositeurs: après avoir collaboré avec Satie pour Entr’acte de René Clair en 1924, il se lie avec John Cage qui lui écrira en 1947 Music for Marcel Duchamp. Sa série Rotoreliefs, créée en 1935, témoigne de sa passion pour les jeux optiques et semble s’inspirer directement des chromatropes créés pour la lanterne magique au XIXe siècle.
Œuvres jouées
Cage: Four Walls (extrait)
Satie: Sur une Lanterne
Satie: Sévère Réprimande
Cage: The Seasons Prelude 1
Cage: The Seasons Spring
Satie: Sur un Vaisseau
Satie: Sports et divertissements (extraits)
Satie: Petite ouverture à danser
Satie: Les Pantins dansent
Satie: Cinéma! (pour le film Entr’acte de Réné Clair, arrangements pour piano de Darius Milhaud (extrait))
Cage: Suite for Toy piano
Cage: A room
Cage : The Perilous Night 2
Cage: Music for Marcel Duchamp
Cage: Prelude for meditation
Satie: Avant-dernières Pensées
Cage: Four Walls (extrait)
Cage: Dream
Cage: Four Walls (extrait)
Cage: The Perilous Night 4 & 6
Satie: Gnossienne n°5