Imaginez un enfant qui découvre un piano. C'est tellement grand, étrange, denté, caverneux! Il tâtonne. Les graves font peur. Seuls sons à sa «taille», l’extrémité aiguë du clavier. Ça lui plait. Il tape un rythme simple avec sa main qui couvre tout juste deux touches. C’est Kinderspiel de Lachenmann. On a beaucoup glosé sur l’intellectualité de la musique de Lachenmann, sur le concept de «musique concrète instrumentale», sur l’engagement social et politique de sa lutte contre le «son philharmonique», mais Lachenmann est un enfant (ou un martien) qui découvre un instrument et explore – avec l’obstination sérieuse propre au jeux puérils – toute les possibilités sonores qu’on peut en tirer, indépendamment de toute connaissance préalable de son mécanisme et de son usage traditionnel.