Archipel 2016

Scènes du rêve et de l'enfance
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© Archipel 2016

Nuit du 9 décembre 1970 : « J’ai rêvé d’une pièce d’orchestre... les sièges étaient en rang... un mur de son s’ouvrait à intervalles réguliers d’environ vingt secondes permettant à la musique du fond de passer – un mixte de bois et cuivres – et j’entendais les instruments graves donnant les fondamentales dans des timbres colorés comme des mixtures d’orgue.» Stockhausen n’a plus qu’à se lever et (re)coucher ça sur le papier. Trans, entièrement conçu en songe, est l’irruption de l’inconscient parmi les sons.

Enfant abandonné à la naissance, Claude Vivier fut l’élève de Stockhausen au début des années septante avant de partir à Bali apprendre le

gamelan.

Stockhausen fut son père de substitution, l’Orient son horizon, mais son rêve eut été de connaître sa mère. Il l’imagine lui chantant une berceuse dans Lonely Child, la plus émouvante de ses œuvres. Dans un rituel scandé par la grosse caisse et le chhing, tour à tour berceuse, chant quasi-liturgique ou déclamation lyrique, il attend la venue des rêves.

C’est un cauchemar qui l’attendait. Trois ans, jour pour jour, après avoir écrit cette pièce, il meurt poignardé par un amant de passage. Il laisse un opéra inachevé, Rêves d’un Marco Polo, dont il ne nous reste que Wo bist du Licht ! (18.3 20h, BFM)

Marc Texier