Ville Raasakka

White as Winter's Threads  (2013)  #08mn — première suisse
pour disklavier

L'animal qui produit de la soie – le ver à soie – est une espèce élevée dans un but utilitaire. Il n’apparaît plus à l'état sauvage, mais est élevé dans les usines à textiles. L'animal ne peut même pas ramper sans aide humaine. Juste avant l'éclosion, le ver à soie est jeté dans l’eau bouillante, où son cocon est récupéré pour la production de la soie. Le ver ne parcourt jamais un cycle de vie naturel; sa seule fonction est de tisser afin de produire de beaux fils blancs comme neige. Il est donc une sorte d'animal mécanisé.

Le Disklavier est un (grand) piano avec un mécanisme normal, mais joué par un système de commande numérique. J’utilise l'instrument comme une sorte de «métier» ; les formes acoustiques ressemblent aux fils, nœuds, coutures et tissage. Je m’éloigne

du son naturel du piano en utilisant la microtonalité, des sons concrets fournis par le mécanisme interne du piano, ainsi que par le glissement et le frottement de différents types de fils et filets. J’ai également utilisé les sons d’une machine à coudre industrielle comme matériau de base. Alors que l'industrie textile a domestiqué le ver à soie, elle a également «mécanisé» le travailleur textile, le résultat en est souvent tragique.

Au Bangladesh, au moins 1129 travailleurs sont morts dans une usine de textile qui s’est effondrée en 2013 avec, parmi eux, un grand nombre d'enfants.

Cette œuvre a été commandée par le Gaudeamus Muziekweek, la Fondation Royaumont, le Time of Music Festival, et la plateforme Ulysses Network. Elle a été exécutée avec le soutien de la Fondation Madetoja. La partie électronique a été réalisée par Anders Pohjola.

Ville Raasakka
traduit de l'anglais par Orane Dourde