Au mieux, les titres des œuvres, guère autrement que les commentaires, induisent en erreur. Concertini promet une collection de situations « concertantes », mais tient cette promesse tout au plus de façon irritante. Il y a certes ici des moments solistes: pour la guitare, la harpe, le tuba, etc., pour un sextuor à cordes soliste également (avec emprunt à mon dernier quatuor, Grido), voire pour des types de gestes ou des formes d'articulations qui seraient – sit venia l'horrible verbo – « trans-instrumentales », tel à certain moment un « concerto gratté », des « solos » pour mouvements dans l'espace, pour résonances, pour suites d'accords ou figures rythmiques (avec une visite rendue à Mouvement, œuvre dont l'histoire est liée à mon amitié avec l'Ensemble Modern), et ainsi de suite.
Mon modèle compositionnel des années soixante, l'idée d'une « musique concrète instrumentale », qui inclut dans le processus de l'écriture et thématise même l'aspect énergétique de l'événement sonore produit, sa « corporéité », ne devait plus – s'il fallait le garder vivant –
Traitement « concertant » veut dire ici que l'on accompagne, que l'on déguise, que l'on recouvre, découvre, contrepointe ou déforme tout de qui nous envahit et tout ce qui arrive en douce quand on se met à travailler sur ce type de catégories sonores rassemblées ad hoc – ses propres égarements, si l'on veut, dans un labyrinthe que l'on a développé soi-même, fût-il ordonné par une structure temporelle rigoureuse – comme un sourcier qui se promènerait dans son propre jardin en friche, à la recherche de…