Sur scène, nous avons un trio à cordes amplifié et toute une population d'objets et d'instruments de tous les jours: couteaux électriques, radioréveil, une sorte de cornemuse construite avec trois enregistreurs en plastique, tourne-disque, harmonica connecté à un sèche-cheveux, presse-agrumes, ampoules... vingt-huit au total. Personne ne joue directement de ces objets, mais ils sont reliés à un ordinateur portable en face duquel se trouve Andrea Valle. La fonction de ce «quatrième instrumentiste» sur scène est de piloter les différents mouvements de l'œuvre et des objets. On pourrait croire qu’il s’agit de gadgets, mais ils sont si nombreux et structurels que la situation finit par se renverser: le trio à cordes est subordonné à ces objets électromécaniques qui incarnent les animaux auxquels le titre fait référence et évoquent, de manière raffinée, un bestiaire médiéval comme le Codex Seraphinianus.
L'une des choses qui frappe est le fait que cette œuvre porte la signature de deux auteurs ayant des personnalités très différentes. Avant tout, le pedigree. Mauro Lanza, éminent représentant de la jeune génération européenne de compositeurs est joué dans de nombreux festivals. Il a grandi au contact des conservatoires italiens et étudié avec
La forte utilisation de l'ordinateur dans l'acte de composition, qui unit définitivement les deux artistes, ne suffit pas à expliquer l'unité de ce travail. Elle ouvrirait, si nous le voulions, le discours de la création musicale à quatre, six mains…: pratique rare dans le genre, très fréquente ailleurs, par exemple dans le rock. Ici, cette collaboration est réalisée dans sa forme la plus parfaite et mystérieuse, où l'individualité des artistes fusionne de façon complète pour donner vie à quelque chose qui les transcende.
Regnum Animale est constituée de vingt-huit mouvements, chacun de quarante-quatre secondes, pour une durée totale de vingt minutes.