Ecrit en 1970, le Kammerkonzert de Ligeti pousse au maximum l'idée de micropolyphonie (une grande activité polyphonique visant à obtenir des textures globales, faciles à percevoir) juste avant que le compositeur n'abandonne ce radicalisme et ne se réintéresse à la mélodie.
Fascinant de bout en bout par sa richesse d'invention, le Kammerkonzert alterne les polyphonies lisses et alanguies (qui créent une sorte de pourriture, selon les mots du compositeur) avec de formidables petites mécaniques rapides, infernales et détraquées. « Je veux un certain ordre, mais un ordre
Sa musique n'est pas mathématique au sens strict, mais elle évoque une mathématique paradoxale et ludique, une sorte de mathématique-fiction (« une musique qui ne soit pas calculée, mais qui s'apparente au monde de la géométrie », dit-il ailleurs) ce qui fait de lui, aujourd'hui, le plus influent des compositeurs d'après-guerre auprès des jeunes générations. Ligeti incarne cet esprit joueur et anti-expressionniste, légèrement pervers et parfaitement libre, qui s'adresse en complice à l'intelligence de l'auditeur.