Claude Vivier

Wo bist du licht!  (1981)  #21mn
pour mezzo-soprano et ensemble
Bruno Massenet, Serge Garant, Claude Vivier, Istvan Anhalt, Karlheinz Stockhausen, en mars 1971 à Montréal
En concert
Scènes du rêve et de l'enfance - ve 18.3 20h

Wo bist du Licht! est composée en 1981 suite à une commande de la Société Radio-Canada.

Écrite pour mezzo-soprano, vingt cordes, percussion et bande, l’œuvre fut créée le 26 avril 1984 à Montréal avec le chef d’orchestre Serge Garant, la SMCQ (Société de Musique Contemporaine du Québec) et la mezzo-soprano Jocelyn Fleury Coutu. Le compositeur Michel Gonneville décrit l’œuvre de vingt minutes comme «une longue mélodie continue et une méditation sur la douleur humaine». L’œuvre superpose le texte chanté du poème de Friedrich Hölderlin Der blinde Sänger au-dessus de trois types de textes parlés (sur cassette), décrits ainsi par Vivier:

1. «Un texte émotionnel, d’une extrême importance pour l'Amérique: le dernier discours de Martin Luther King et un enregistrement in situ de l'assassinat de Robert Kennedy.

2. Un texte abstrait, sans signification, qui utilise un langage inventé.

3. Enfin, un texte descriptif de la torture et dont l’énorme puissance émotionnelle est due, en partie, à la tonalité presque neutre des deux commentateurs radio qui évoquent ces pratiques. Le texte d’Hölderlin Der blinde Sänger contient en lui le secret de mon œuvre. Un vieil aveugle se souvient de son passé,

images visuelles merveilleuses; verdure, les ailes des nuages, etc. Le présent est évoqué par des images auditives: le tonnerre, les tremblements de terre. Il recherche la lumière, la liberté, la mort peut-être…».

La mezzo-soprano agit dans deux domaines vocaux: live, où elle chante une sorte de monodie ornementée ou récitatif, et sur bande.

Dans les parties extérieures à la composition, elle réitère encore et encore les mots «Wo bist du Licht!» - un appel désespéré à la lumière, ou peut-être l'illumination, dans un monde de ténèbres et malfaisant.

Un ami proche de Vivier, le compositeur Robert Boudreau, estime que Wo bist du Licht! est l’une des œuvres les plus extraordinaires du compositeur. Il était très préoccupé par la mort, la torture et les actes que l'homme mauvais a dirigés contre ses frères. L’œuvre est une pièce musicale très puissante et sombre.

Lors de l'ouverture, les archets sont pressés aussi fort que possible contre les cordes afin de produire ce grincement horrible. Lorsque la batterie arrive, les basses vous percutent et vous perdez pied. C’est du pur Vivier à son meilleur niveau. Plus tard, la ligne vocale est absolument magnifique.

Robert Markow
Traduit de l'anglais par Orane Dourde