Le mot «Eunoia» se réfère à la bienveillance et à la réceptivité qu'entretient un orateur avec le public. Comme la musique est passablement abstraite et n'offre guère plus que les sons, la manière dont ils sont produits et mis en rapports entre eux, je propose ici – pour créer une espèce d'«Eunoia» – quelques éclaircissements sur l'œuvre. Chacune des cinq voyelles du titre – e, u, o, i et a – correspond tout simplement à l'un des cinq musiciens, à un certain moment de la pièce. La musique commence discrètement par un solo de piano raffiné puis elle gagne en élan et en intensité en traversant des passages où chacun des quatre autres musiciens du quintette est mis en avant. L'entrée du vibraphone est suivie de celle du violoncelle qui présente une série d'agrégats à l'instabilité fascinante. La réponse du trombone, accompagné par le percussionniste à la guitare électrique, apporte une bonne dose de chaos à la forme jusque là clairement articulée. Deux plaques métalliques amplifiées, frottées et
Eunoia se termine cependant en focalisant l'attention sur la chanteuse. Si l'on pouvait considérer le piano solo comme une ballade introvertie, le vibraphone comme une procession, le violoncelle comme une complainte et le trombone comme une improvisation, le passage final de la chanteuse peut être décrit comme une hymne étrange et extatique qui parsème la texture de l'ensemble de transitions vocaliques subtiles: du «ou» sombre (le «u» allemand) en passant par le «a» ouvert jusqu'au «i» clair.
Eunoia est une commande du Quintette Eunoia et lui est dédicacé.