Olga Neuwirth

Compositrice autrichienne née le 4 août 1968 à Graz

Olga Neuwirth est née à Graz en 1968. Elle étudie la trompette dès l'âge de sept ans, puis la composition à la Hochshule für Musik de Vienne avec Erich Urbanner son sujet de maîtrise étant : «L'Emploi de la musique dans L'Amour à mort d'Alain Resnais». Elle s'initie aussi à l'électro-acoustique à l'Institut de Musique Electro-acoustique de Vienne auprès de Dieter Kaufmann et Wilhelm Zobl.

A la fin de ses études au conservatoire en 1993, elle séjourne à l'étranger, suit les cours d'Elinor Armer au Conservatoire de San Francisco, étudie la peinture et le cinéma au Art College de cette même ville. Elle fait aussi une série de rencontres décisives avec Adriana Hölszky, Vinko Globokar, Luigi Nono et Tristan Murail, et suit en 1993-1994 le stage de formation informatique musicale de l'Ircam, elle participe également à la session de composition de Royaumont en 1994 avec Brian Ferneyhough.

Elle a été membre du jury de la Biennale de Munich en 1994, et du Forum des compositeurs à Darmstadt. Bourse du DAAD à Berlin en 1996.

Olga Neuwirth a obtenu plusieurs prix et récompenses : Förderungspreis der Stadt Wien, Prix Max Brand, Prix de la Fondation Theodor Körner, Publicity Preis de austro mechana. Ses oeuvres ont été jouées tant en Autriche que dans d'autres pays étrangers. De nombreux festivals lui ont commandé des pièces : Wiener Festwochen, Stuttgarter Tage für Neue Musik, Festival de Donaueschingen, Musikprotokolle Graz, Klangforum

Wien, Voix Nouvelles à Royaumont, Quatuor Arditti...

La musique d'Olga Neuwirth, énergique, corrosive, aux sonorités grinçantes, à l'instrumentation étrange, aux ruptures brutales, doit beaucoup au cinéma. Elle transpose dans la composition les techniques cinématographiques qu'elle a étudiées à San Francisco et à Vienne : montage, gros plan, panoramique, fondu enchaîné... sa musique progresse par coupures et collages, déroutante parce que relevant d'une logique plus visuelle que sonore : «Il faut qu'une image se transforme au contact d'autres images comme une couleur au contact d'autres couleurs. Un bleu n'est pas le même bleu à côté d'un vert, d'un jaune, d'un rouge. Pas d'art sans transformation» explique-t-elle en citant les Notes sur le cinématographe de Robert Bresson (1975).

Transformation des couleurs sonores par contiguité, juxtapositions inattendues, mais aussi par hybridation : l'autre point original de la musique d'Olga Neuwirth est l'omniprésence de l'électro-acoustique qui lui permet de créer des «hypersons» qu'elle appelle des «sons androgynes». Mais là encore il s'agit moins de rechercher une fusion idéale des sources sonores contradictoires, que d'éroder l'une par l'autre. Le son instrumental détruit par le bruit ; le son artificiel, électronique, placé dans la perspective historique du timbre baroque d'un haute-contre, ou d'une viole d'amour.

La musique d'Olga Neuwirth embrasse donc tout l'instrumentarium du théorbe à la guitare électrique, déforme encore ces sonorités par l'amplification ou la transformation électro-acoustique, et monte enfin ces couleurs sonores acides selon une logique cinématographique quasi-narrative.

Marc Texier