Un promeneur (solitaire!) gravit une colline couronnée des ruines d'une ancienne citadelle. La scène se passe en Provence: chemin caillouteux, murs de pierre, buissons épineux. Le ciel est chargé d'orage. Au bout du chemin, passé les remparts, une chapelle fortifiée: grands murs ocre, encadrés de cyprès. Une impression de déjà-vu… mais quoi donc? La chapelle et son jardin paraissent paisibles, mais il y a l'envers du décor: une haute tour de pierres inégales, une caverne où dort un gisant… Les réminiscences affluent, les souvenirs se précisent – le paysage bascule, se trouble, se métamorphose, et… Musique et images ont été conçues comme un tout intégré. Il ne s'agit pas d'une «musique de film», qui accompagnerait l'image; et l'image n'est pas un commentaire du son, comme dans un «clip» de chanson. Ce serait plutôt un contrepoint: lignes indépendantes, ayant chacune sa logique propre, qui parfois par leur opposition créent
Notre travail a beaucoup porté sur le rythme, les flux, le temps. Image et musique se métamorphosent mutuellement, la perception du temps, surtout, se trouve radicalement altérée. La musique aussi, à partir du calme initial, va s'emplir de réminiscences. En regardant Böcklin, tout de suite on pense à Liszt, à son incroyable Après une lecture du Dante. Quartes augmentées omniprésentes qui suspendent la tonalité, chromatismes délirants (disperato, note Liszt). Appels initiaux (appogiatures suivis d'une octave accentuée) qui se transforment en une mécanique infernale d'accords redoublés… Ici les simples octaves des appels lisztiens seront transformés en accords complexes, sorte de leit-motiv qui rythme la partition; ils donneront naissance à des pulsations iambiques graves et peu à peu, une mécanique se développera, comme une danse macabre, pour exploser sur une chute abyssale, et…