William Blank

E la vita si cerca dentro di sé…  (2015/2016-2017)  #23’ — création mondiale
pour mezzo-soprano et ensemble (nouvelle version)

Fondation Royaumont © Agathe Poupeney
En concert
L'île des morts, le regard des vivants - 01.04 21h

L'œuvre met en musique et place en alternance quatre poèmes du Tasse (Sorrente 1544 – Rome 1595) et 3 poèmes de Mario Luzi (Florence 1914 – 2005). La mise en perspective de textes que séparent quatre cent ans d'aventure poétique trouve son écho dans l'œuvre musicale par l'expression de valeurs se situant au delà des âges, des esthétiques et des modes, dans un langage qui tend vers une forme d'évidence et qui essaie, par analogie, d'articuler les éléments singuliers que notre histoire de la musique à produit à travers les siècles, avec ceux – non moins singuliers – du langage musical contemporain. Le piano, la harpe et la percussion forment l'ensemble premier d'où émergent les figures musicales, alors que la fonction des autres instruments de l'orchestre est de les reprendre, de les prolonger, de les développer et de les amplifier, à la manière d'un chœur instrumental.

1. Madrigal I (Torquato Tasso)

Tacciono i boschi e i fiumi, E'l mar senza onda giace, Ne le spelonche i venti han tregua e pace, E ne la notte bruna Alto silenzio fa la bianca luna; E noi tegnamo ascose Le dolcezze amorose. Amor non parli o spiri, Sien muti i baci e muti i miei sospiri.

Se taisent bois et fleuves, Et la mer sans vagues gît sur la grève; Dans les antres les vents connaissent paix et trêve Et au sein de la sombre nuit, La blanche lune a répandu son grand silence; Et nous deux, nous tenons cachées Nos suavités amoureuses: Qu'Amour ne parle ni ne respire Muets soient nos baisers et muets nos soupirs.

2. Dizione (Mario Luzi)

C'era, sì, c'era – ma come ritrovarlo quello spirito nella lingua quel fuoco nella materia. Chi elimina la melma, chi cancella la contumelia? Sepolto nelle rocce, rocce dentro montagne di buio e grevità – così quasi si estingue, così cova l'incendio l'immemorabile evangelio.

Il était là, oui, il était là – mais comment le retrouver cet esprit dans la langue ce feu dans la matière. Qui élimine la boue, qui efface l'outrage? Enfoui dans les rochers rochers dans les montagnes de nuit, de pesanteur – ainsi presque s'éteint, ainsi couve l'incendie, l'évangile immémorial.

3. Madrigal II (Torquato Tasso)

Non è sí bello il rinverdir d'un faggio, O 'l ravvivar di lucida facella, O 'l serenar di tenebroso cielo, Come ne gli occhi vostri il dolce raggio Par di nuovo racceso e come è bella La rosa che s'infiora al mezzo gelo; E, se già piacque la beltà smarrita, Or che farà questa beltà fiorita?

N'est point si beau le reverdir d'un hêtre, La flamme renaissante d'un flambeau, La paix montant dans un ténébreux ciel, Que n'est dedans vos yeux le doux rayon Qui semble bien renaître et que n'est beau La rose qui fleurit dessus le gel; Si nous plaisait déjà

beauté meurtrie, Or que fera cette beauté fleurie?

4. Toccata (Mario Luzi)

Ecco aprile, la noia dei cieli d'acqua di polvere, la quiete della stuoia alla finestra, un tocco di vento, una ferita; questa aliena presenza della vita nel vano delle porte nei fiumi tenui di cenere nel tuo passo echeggiato dalle volte.

Voici avril, l'ennui des ciels d'eau de poussière, le calme du store à la fenêtre, une touche de vent, une blessure; cette présence de la vie, séparée, dans le vide des portes dans les minces fleuves de cendre dans ton pas que répètent les voûtes.

5. Madrigal III (Torquato Tasso)

Qual rugiada o qual pianto, Quai lagrime eran quelle che sparger vidi dal notturno manto E dal candidovolto de le stelle? E perché seminò la bianca luna Di cristalline stelle un puro membo A l'erba fresca in grembo? Perché ne l'aria bruna S'udìan, quasi dolendo, intorno intorno Gir l'aure insino al giorno? Fûr segni forse de la tua partita, Vita de la mia vita?

Quelles rosées quels pleurs, Quelles étaient ces larmes Que je vis choir du manteau de la nuit Et du visage clair de ces étoiles? Pourquoi la blanche lune épandit-elle De gouttes cristallines un pur nuage Au sein de la prairie? Entendit-on jusqu'au lever du jour Flotter, dolents, les souffles alentours? Etaient-ce signe, ô toi vie de ma vie, Puisque tu es partie?

6. Madrigal IV (Torquato Tasso)

Porti la notte il sole E la candida luna il giorno apporte, E 'l nascer lutto, e gran piacer la morte: Porti la state il gelo E dolci frutti il verno, E il ciel diventi a noi l'orrido inferno, Anzi l'inferno il cielo: Rompa sue leggi la natura e 'l fato Poi che le rompe Amore, E premio è crudeltà d'un fedel core E pietà d'uno ingrato.

Que le soleil fasse nuit, Que le jour monte avec la blanche lune, Que naître soit un deuil, mort un plaisir, Que l'été porte gel, Et que le ciel nous soit affreux enfer Ou l'enfer même un ciel: Que nature et destin rompent leur lois Si les brise l'Amour, Si cruauté récompense un cœur noble Et tendresse l'ingrat.

7. Al giogo della metafora (Mario Luzi)

Al giogo della metafora - così ci sovvengono esse. Scioglile da quel giogo, lasciale al loro nume le cose che nomini, è sciocco confermarle in quella servitù. Superflua è quella grammatica. La metafora è già. Sei tu la metafora. Lo è l'uomo e la sua maschera. Lo è il mondo tutto da quando è. Coagula e disperde l'alba questi pensieri - e la vita si cerca dentro di sè...

Sous le joug de la métaphore – ainsi nous secourent- elles. Libère les de ce joug, laisse les à leur génie les choses que tu nommes, il est sot de les confirmer dans cet esclavage. Superflue est cette grammaire. La métaphore existe déjà, C'est toi la métaphore, C'est l'homme et son masque. C'est le monde entier depuis qu'il existe. L'aube coagule et disperse ces pensées – et la vie se cherche au dedans d'elle même…