Kaija Saariaho

Aile du songe  (2001)  #19’
pour flûte et orchestre

Aérienne (Prélude, Jardin des oiseaux, d'autres rives) ■ Terrestre (Oiseau dansant, L'Oiseau, un satellite infime
© Ircam, 1984
En concert
Académie Archipel Ose! - 26.03 17h

Vidéo

Je me suis familiarisée avec la flûte dès mes premières pièces. J'aime les sonorités dans lesquelles la respiration est toujours présente et qui comportent des possibilités de timbres enrichissant mon langage musical. Le corps de cet instrument permet l'écriture de phrases musicales qui passent par des textures grinçantes, agrémentées de phonèmes murmurés par le flûtiste et mènent peu à peu vers des sons lisses et purs. Le titre du concerto et l'ambiance générale de la pièce s'inspirent de la collection de poèmes Oiseaux de Saint-John Perse: «Aile falquée du songe, vous nous retrouverez ce soir sur d'autres rives!». Ceci n'est pas la première fois que j'associe ma musique aux vers de saint-John Perse. Dans Laconisme de l'Aile, composé en 1981, j'utilise déjà des phrases tirées des Oiseaux. Dans ces poèmes, Saint-John Perse ne décrit pas le chant des oiseaux. Il parle plutôt de leur vol et utilise la riche métaphore de l'oiseau pour décrire les mystères de la vie à travers un langage abstrait et en plusieurs dimensions. Le concerto est composé de deux parties distinctes:

Aérienne et Terrestre. Les trois sections d'Aérienne décrivent trois situations différentes. Dans Prélude, la flûte se répand petit à petit dans l'espace et génère la musique orchestrale. Dans Jardin des oiseaux, elle dialogue avec différents instruments de l'orchestre tandis que D'autres rives compare la flûte à un oiseau solitaire planant très haut dont l'ombre forme plusieurs images jouées par les cordes sur un paysage identique représenté par la harpe, le célesta et la percussion. La première section de Terrestre, Oiseau dansant, offre un grand contraste avec le reste du matériel du concerto. Elle fait référence à un conte aborigène dans lequel un oiseau danseur virtuose enseigne à tout le village comment danser. En écrivant cette section de la pièce, j'ai spécialement pensé à Camilla Hoitenga et à sa personnalité de flûtiste. Le finale, deuxième section de Terrestre, est une synthèse de tous les aspects précédents, avant que le son de la flûte ne s'éteigne lentement.

Aile du songe est dédiée à Camilla Hoitenga avec qui j'ai travaillé sur de nombreux détails de la partie soliste.

Kaija Saariaho