Eugène Birman

Manifesto  (2014/2017)  #10’ — création mondiale
pour orchestre

Une chanson populaire à l'origine lointaine; le souvenir de choses qui n'ont peut-être jamais existé; la musique qu'on entend reflétée dans un regard. J'ai déjà exploré ces paradoxes dans ma musique, mais aucune de mes pièces n'a encore été aussi obsessive, aussi dévouée à trouver un son surréaliste, monde quantique des sens. Du silence extérieur à une profonde cacophonie intérieure où chaque mouvement, chaque battement de paupière est un acte musical, j'ai extirpé ce qui résonnait en moi comme une chanson populaire. Chacun de ces gestes, mouvements, formes, cette présence incertaine et non familière dans ma mémoire, ont formé cette pièce. Il n'y a rien d'autre que cela. J'ai toujours rêvé de pouvoir

me concentrer de la sorte. Eviter tout rapport musical par l'inspiration. Mais plutôt construire un monde si impénétrable que tout ce qui naît provient du néant. Il s'agit d'une pièce au temps non-linéaire (dix secondes de musique qui comptent pour des minutes), une mélodie qui perd sa structure et son contexte avant même qu'elle ne soit chantée. Ensuite il y a un moment où le temps finit quand même par s'arrêter, mais au lieu d'un silence assourdissant, j'essaie de créer le repos et la solitude. J'ai tenté de transcrire le son de ces choses, de laisser les fissures grandes ouvertes, de trouver et d'écouter la musique qui se trouve à l'intérieur.

Eugene Birman