Maurice Ohana écrivit cet ouvrage en hommage à Claude Debussy pour le centième anniversaire de sa naissance. On sait l'admiration qu'il lui portait depuis l'enfance, admiration instinctive au départ, que l'étude avertie de l'oeuvre, plus tard, ne fit que renforcer. A partir de fragments thématiques empruntés à quelques oeuvres de Debussy (un motif d'Arkel, au 4e acte de Pelléas, «Nous n'irons plus au bois», dans Jardins sous sa la pluie, une figure de La terrasse des audiences du clair de lune et un motif de En Blanc et Noir), il a cherché à concrétiser certaines virtualités de Debussy, en particulier les échelles de microintervalles en tiers de ton qui paraissent répondre aux intuitions qu'une oreille sensible peut percevoir dans certains des derniers ouvrages du
L'orchestre de Maurice Ohana, dont on peut suivre l'évolution depuis le Llanto, trouve ici sa couleur définitive, dont la signature est immédiatement repérable dans la plupart des ouvrages à venir, aussi différents soient-ils les uns des autres. Cet orchestre, fondé sur le quintette à cordes, intègre quelques vents solistes, une importante percussion et des cordes frappées ou pincées (piano, harpe, clavecin, cithare) souvent traitées elles-mêmes en percussion. Les voix vocalisent sur des échelles alternativement en demi-tons ou en tiers de tons, à l'égal des instruments à vent, ou à cordes. L'abandon quasi définitif du texte chanté (sauf exceptions motivées par des nécessités particulières) s'est opéré à partir de ce Tombeau pour lequel avait été prévu à l'origine un texte de Raphaël Cluzel.