Festival Archipel 2018, Genève - notice de Maudite soit la guerre (Machin)

D.R.

En concert

Vidéo

Réalisé par le Français Alfred Machin, Maudite soit la guerre est sorti au cinéma en juin 1914, à peine plus d'un mois avant le déclenchement du conflit mondial. Colorié à la main, il est interprété notamment par Suzanne Berni, Baert, Albert Hendrickx, Fernand Crommelynck, Nadia D'Angely, Zizi Festerat, Gilberte Legrand, Willy Maury. Ce mélodrame d'anticipation raffiné évoque, dans le contexte d'une guerre entre deux puissances imaginaires, la rivalité entre deux aviateurs, et montre des batailles de planeurs triplans, biplans et autres dirigeables. S'il met en scène une poignante histoire d'amour impossible, c'est d'abord un film à l'écriture hardiment moderne. Ainsi, une séquence du film, celle de la mort à la guerre du jeune héros, est montrée deux fois, d'abord comme une de ces scènes d'actualités avec lesquelles le cinéaste, opérateur de Pathé, avait fait

ses premières armes; ensuite racontée après la guerre à la jeune fiancée du soldat mort par l'officier ennemi qui avait mené l'assaut contre le moulin où le garçon s'était réfugié. Toute l'horreur de cette boucherie se découvre soudain pour la jeune femme, pour qui jusqu'alors le lieu du combat, s'il avait été celui de la mort, était aussi celui du plus noble héroïsme. Cette guerre «propre» de propagande montrée par les actualités françaises devient ainsi une sale guerre. Le film constitue pour l'époque une grande mise en scène avec d'énormes moyens matériels et financiers mis à la disposition du réalisateur français. La production bénéficia également du concours de l'armée belge qui mit à sa disposition deux bataillons de fantassins (mais avec des uniformes de fantaisie), un arsenal d'armements militaires, des dirigeables, des avions...