Martin Riches et ses sculptures parlantes
Les « salons de musique » sont une nouvelle forme de présentation de la musique inaugurée l’an dernier avec succès à l’Alhambra. Il s’agit de briser le rituel du concert en faisant alterner, dans un enchaînement libre et déambulatoire, exécution d’œuvres insolites, rencontre avec les compositeurs, les interprètes et leurs instruments, interviews radiophoniques et verrées conviviales. Tout le dimanche après-midi du 18 mars, on pourra découvrir les étranges sculptures parlantes, chantantes et pensantes de Martin Riches (1941), plasticien britannique qui construit des bouches motorisées, des orgues parlantes, un larynx mécanique chantant qui sera la prima dona d’un Lied de Masahiro Miwa (1958), moderne Olympia.
Avec Alexandre Babel, directeur d’Eklekto et membre du KNM Berlin, nous avons imaginé tout un environnement de pépites vintages pour machines et percussions. Les Partitions-gouffres
d’André Riotte (1928-2011) qui, avec Michel Philippot et Pierre Barbaud inventa la musique algorithmique. Il laisse à la machine l’entière liberté créatrice, le compositeur se bornant à édicter des règles génératrices. Autre figure d’artiste renonçant à ses prérogatives démiurgiques, Joseph-Matthias Hauer (1883-1959), dont on ne connait généralement que le nom, car il fut, avant Schoenberg, l’inventeur d’une technique d’écriture dodécaphonique, mais que l’on ne joue jamais. Son esthétique est pourtant prémonitoire, annonçant Cage et Feldman, proposant, dès 1919, qu’un principe générateur automatique se substitue à la volonté du créateur.
Au cours de cet après-midi, il y aura encore des tambours automatisés, du piano formel, de l’aléa, des pièces cybernétiques : un cabinet de curiosités, le bric-à-brac d’une science émergente présenté et diffusé sur la RTS-Espace2 par Anne Gillot.
Marc Texier - directeur d'Archipel