Nous touchons à la dissimilitude encore irréductible de l’homme et son double robotique.
L’humain et la machine, ce sont les affects contre l’insensibilité. Dans l’histoire des échecs de l’intelligence artificielle, la méconnaissance des processus émotionnels humains et leur rôle dans l’apprentissage cognitif a conduit à une impasse. L’intelligence n’est pas un processus rationnel, elle est pétrie d’émotions et de désirs d’échanges. C’est pourquoi nos robots domestiques ont de grands yeux. C’est pourquoi toutes les œuvres musicales qui valent dépassent la pure combinatoire
des notes pour composer nos émotions.
Dans Tempi Agitati, Katharina Rosenberger (1971) plonge au plus profond de notre agitation interne. Empruntant aux auteurs de la Renaissance Adrian Willaert et son élève Cipriano de Rore, à ce moment historique où la musique bascule de l’impassibilité polyphonique au madrigalisme exprimant les sentiments les plus complexes, elle signe une remarquable fresque vocale que nous découvrons pour la première fois en Suisse par les indépassables Neue Vocalsolisten de Stuttgart (21 mars, Maison de paroisse de Saint-Gervais).
Marc Texier - directeur d'Archipel