Absolument convaincu qu'il n'y a aucune différence de capacité créatrice ni d'ambition artistique entre les femmes et les hommes, que dans de nombreux pays la société n'oppose plus un obstacle insurmontable à la carrière artistique des femmes, je me suis longtemps étonné que même dans le domaine contemporain nous ne parvenions pas à l'équilibre des femmes et des hommes dans la programmation des concerts.
Ces dernières années, un vaste mouvement nous a fait prendre conscience de la sous-représentation et de la sous-évaluation des artistes féminines dans le domaine musical. Un article récent du Guardian, Female composers largely ignored by concert line-ups, publié le 13 juin 2018, constate que
parmi 1445 concerts classiques programmés tout autour du monde pendant la saison 2018-2019, seuls 76 incluent l'œuvre d'une femme. Certes, ces statistiques sont essentiellement compilées à partir des concerts des grandes institutions symphoniques, lesquelles, sur-programmant les classiques du répertoire, ignorent les artistes contemporains d'une profession qui s'est féminisée au cours des dernières décennies. Mais quelle absence tout de même! Combien de François Couperin pour de rares Élisabeth Jacquet de la Guerre, sa cousine et son égale? Combien de Giacomo Carissimi, salué d'un «plus grand compositeur que l'Italie ait produit», et pas de Barbara Strozzi, sa contemporaine, et bien qu'elle fût, elle, la plus grande compositrice?
Marc Texier
directeur général d'Archipel
