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J'ai eu la chance, au cours de ma carrière, de diriger, en différents lieux et pendant vingt-cinq ans, des cours de composition. À ce titre, je dispose d'une base fiable des candidatures des jeunes artistes, avant toute sélection et donc tout biais de programmation. Ces sessions de composition sont ouvertes à tous, femmes et hommes, dès lors qu'ils ont moins de 32 ans. Elles sont également internationales et regroupent des artistes natifs de 68 pays. Il y a eu 1312 candidatures dont celles de 321 femmes (24.5%). Deux remarques: sur la période que couvrent ces chiffres, 1990-2014, on constate une importante féminisation (qui passe de 15 à un peu plus de 30%), et de très grandes disparités nationales (plus de femmes que d'hommes, très souvent, parmi les candidatures asiatiques - notamment japonaises -, très peu dans les pays d'Amérique du Sud. L'Europe et l'Amérique du Nord sont dans la moyenne). La courte expérience de l'Académie Archipel, que le festival organise
Il me semble que l'on peut considérer qu'aujourd'hui, sur le «marché» mondial de la musique, 30 à 35% des artistes émergeants sont des femmes. Les 15% manquant pour atteindre l'équilibre naturel des genres s'explique partiellement par les disparités géographiques, culturelles, mais indéniablement aussi par une difficulté spécifique à la poursuite d'une carrière artistique en tant que femme.
Pour ne pas attendre que l'évolution naturelle des sociétés corrige ce déséquilibre et agir concrètement, Archipel 2019, rebaptisé Archip—elles, est cette année entièrement consacré aux femmes. Ce n'est pas suivre une thématique, c'est un acte symbolique destiné à montrer qu'il est possible, souhaitable, et finalement facile en raison de la profusion de talents féminins, d'offrir plus de place aux créatrices. Je me suis attaché aussi à montrer la grande diversité esthétique, générationnelle et géographique de ces artistes. 45 compositrices, venant de 27 pays et de tout âge, sont à notre programme.
