C'est la lente mais continue progression de la présence des compositrices dans les concerts contemporains qui rendit caduque la question de leur hypothétique créativité. Le site «Donne – Women in Music» compile les compositrices nées depuis le début du XX e siècle. Leur présence croissante s'y lit aisément: 61 nées dans la décennie 1900 (dont Ruth Crawford-Seeger que nous découvrons à Archip—elles); 68 dans les années 1910 (dont Galina Ustvolskaïa – autre génie méconnue); 97 dans les années 1920 (dont Betsy Jolas longtemps figure isolée de la musique féminine française); 111 dans les années 1930 quand apparaissent les premières
stars comme Sofia Goubaïdoulina, ou mythe vivant comme Pauline Oliveros. La génération des années 1940 est celle d'une quasi normalisation de la condition de femme-compositeur. Parmi les 149 que liste le site, on retrouve beaucoup de femmes qui ont acquis une grande notoriété, telles Meredith Monk, Graciane Finzi, Youghi Pagh-Paan. Cette dernière montre le chemin parcouru depuis Mahler. Épouse de Klaus Huber, l'un des principaux compositeurs du XX e siècle, elle n'eut pas à souffrir de cette «concurrence» tant redoutée par Gustav, et a construit une œuvre qui ne cède en rien à celle de son mari.
Marc Texier
directeur général d'Archipel
