C'est une musique faite de frictions. Cela s'exprime souvent doucement. Comme des skateurs dans une cuvette en béton, les archets des violons et altos glissent sur les cordes, créant des harmoniques aérées et chuchotées. A d'autres moments, des arrêts brusques et des virages affûtés coupent ces courbes avec des changements soudains de dynamique et de timbre. Comme beaucoup de pièces de Clara Iannotta, Limun est en deux parties, la seconde étant une résolution ou une réponse qui porte autant de poids que la première. A travers des positions d'archet
et pressions des doigts différentes, la première partie dessine un espace musical qui tourne autour de lui-même. La deuxième, dans laquelle se retrouvent mêlés les deux tourneurs de pages, redresse les courbes et apaisent les forces physiques conflictuelles. Limun signifie citron, dont l'arbre a la caractéristique d'être porteur de fruits et de fleurs en même temps. Le titre est toutefois symbolique, il reflète seulement une période de la vie de la compositrice. La pièce a été écrite dans le cadre du programme Voix Nouvelles de Royaumont.
Traduit de l'anglais par Rémy Walter