«Lobgesang» est une courte et humble pièce pour un petit instrument: la flûte à bec soprano. Je l'ai écrite à l'occasion du 90ème anniversaire de ma première professeure de musique, Ilse Reil (1919-2013). Elle était une musicienne et professeure magnifique. Elle se produisait au sein d'un trio baroque et jouait de la flûte à bec, mais aussi de la viole de gambe, du psalterium et pratiquait le chant. J'ai vécu dans sa maison. La flûte à bec a été mon premier instrument, avant que je n'apprenne le hautbois, et enfant, j'accompagnais régulièrement le trio lors de leurs concerts et jouais avec eux. Ilse Reil m'a enseigné les choses les plus importantes en musique dont je tiens toujours compte aujourd'hui lorsque je compose: la
façon dont chaque note doit être vivante, être ressentie de l'intérieur, avoir un sens et une direction. Nous nous exercions parfois sur une levée pendant des heures, jusqu'à ce qu'elle ait la bonne énergie conduisant à la prochaine note et entamant la phrase. Nous riions beaucoup. Ces heures étaient des moments heureux que je n'oublierai jamais. C'est pourquoi, mon «Lobgesang» est un chant de reconnaissance et de louange à elle. Le matériel musical est une sorte d'écho ou variation d'une pièce que je travaillais avec elle enfant et que j'aimais beaucoup: «De lof zhang marie» (louange à Marie) de Jacob van Eyck (1590-1657), le flûtiste hollandais aveugle qui jouait dans les cimetières et touchait le cœur des endeuillés avec ses mélodies envoûtantes.