Riccardo Dapelo: Musica per « Vormittagsspuk » (1998) [7’]
di Hans Richter, per nastro magnetico
Vormittagsspuk (Fantasmes avant le petit déjeuner) de H. Richter intrigue et fascine. Le générique dit : « Ce film montre que les objets se rebellent contre l’enrégimentement », il cotntient aussi cette information sinistre « Les Nazis effacèrent la bande sonore du film, estampillée comme art dégénéré ». Le rythme des images présente des caractéristiques presque « musicales » dans sa construction (H. Richter avait l’habitude de préparer de véritables partitions d’images pour ses travaux) ; il n’existe pas de sens narratif, ni de linéarité de l’histoire, mais des fragments (« objets visuels ») se succèdent et se superposent créant des leitmotivs ou de possibles associations sémantico-syntaxiques.
La ré-interprétation musicale de ce travail a suivi les mêmes principes : une partition d’objets sonores avec des caractéristiques constructives et « timbro-perceptives » très définies, qui défilent sur l’axe du temps avec une autonomie propre, créant un défilement parallèle mais non synchronisé avec les images. Ceci permet la création d’une méta-structure perceptive : le filet d’associations et de renvois sémantiques et symboliques proposé dans les images se trouve multiplié et élargi par les stimuli sonores, à leurs tours privés de sens narratif, mais suffisamment définis pour être reconnus dans les diverses phases du travail.
Deux petits fragments musicaux « historiques » (de Vier ernste Gesänge, op.121 de Johannes Brahms) ont été utilisés pour obtenir d’autres symétries de type sémantique, en correspondance avec tous les premiers plans de visages humains, parfois hallucinés ou ironiques et épouvantables, qui viennent en contrepoint de Vormittagsspuk. Ces fragments sont toujours distordus et profondément déformés, jusqu’à rendre presque métaphoriquement la non-objectivité avec laquelle est utilisé le premier plan du visage humain.
Un son concret (une lame de métal) a été utilisé (de façon délibérément non synchronisée) avec l’apparition du pistolet (un autre leitmotiv visuel). Le matériel restant qui constitue la re-visitation musicale de ce petit chef d’œuvre, a été réalisé avec des sons de synthèse purs ou croisés avec les matériaux cités en dessus. Chaque objet sonore a été construit avec son propre cycle d’ « entropie » en grande partie sans coïncidence avec les objets visuels avec lesquels il pouvait être associé. Comme nous l’avons déjà illustré, le but de cette opération n’était ni la synchronisation et encore moins une bande sonore d’effets ou de bruits. Le projet était celui de créer un niveau ultérieur de défilement musical, autonome mais interférant avec celui visuel, laissant de toute façon, la possibilité ouverte d’une intégration ou d’une prospective différente, en relation avec une œuvre d’art déjà complète en soi.