Roberto Doati: A Moholy (1998) [5’]
l'ultimo giorno del tram a tariffa ridotta, per nastro magneticoMoholy-Nagy dans son atelier
Dessau c. 1926
© Fondation Moholy-Nagy
La réalité de notre siècle est la technologie…les machines ont pris la place du spiritualisme transcendental du passé. Tout le monde est égal devant la machine… Il n’existe pas de tradition dans la technologie, ni de conscience de classe : tous peuvent être patrons, les esclaves aussi.
Moholy-Nagy, 1922
Moitié sculpture, moitié machine, le
Lichtrequisit ( la sculpture qui est reprise dans le film) est faite de métal chromé, verre, fil et barres métalliques. Moholy-Nagy s’est efforcé d’interpréter l’espace dans son rapport avec le temps. Ainsi, les mouvements qu’il fait subir à la sculpture, de prévalence lents et rotatoires, qu’ils soient réels ou virtuels, sont toujours réalisés avec la conscience que l’écran cinématographique est plat, bidimensionnel comme une peinture ou une photographie. On utilise souvent des techniques « d’élaboration » des images pour créer des mouvements virtuels : images en négatif, superposition de plusieurs reprises, illuminations aux formes diverses, à l’occasion éblouissantes, qui projettent les ombres des parties de la sculpture sur un fond blanc.
L’idée de la musique que j’ai réalisé, était de donner du son à la sculpture. Voici donc pourquoi les matériaux sonores de départ ont été déterminés à partir des matériaux dont était faite la sculpture : métal ( une lame de fer striée ou martelée, un son synthétique coupant comme une scie, un tambour de machine à laver), du verre (des tessons rayés).
Le type de traitement dérive de la technique « luministique » de Moholy-Nagy : filtrage en utilisant souvent des paramètres tirés des spectres des photogrammes du film.
La forme de l’œuvre reflète la succession des divers évènements du film. J’ai cherché à rendre les trois dimensions de l’espace acoustique bi-dimensionnel, et donc de donner la sensation du mouvement rotatoire, plus par le biais du matériel sonore que par celui du vrai mouvement, certaines fois, en m’aidant d’une distribution spatiale, mais toujours avec la seule stéréophonie.
La totalité de son expérimentation avait amené Moholy-Nagy à projeter de synchroniser les mouvements de
Lichtrequisit avec une partition musicale. Selon quels principes pourrions nous l’imaginer en se rappelant ce qu’il a dit à un ami pour en tracer les contours sur un cahier de notes ? : « Je peux jouer ton profil. Je suis curieux de savoir comment sonnera ton nez ». Une de ses expérimentations filmiques fut en fait l’incision sur une bande sonore de lettres de l’alphabet. Pour cette raison, les mots
schwarz, weiss,grau qui apparaissent au début du film, comme une sorte de manifeste programmatique, sont accompagnées de bruit blanc filtré avec les fréquences centrales et les largeurs de bandes qui suivent les contours des lettres qui les composent.
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