Paolo Pachini: Diagonal Symphonie (1998) [7’]
per nastro magnetico
Parmi les auteurs de l’avant-garde cinématographique de la zone allemande des années 20, Viking Eggeling fut probablement celui qui identifia et affronta de la manière la plus rigoureuse le rôle constructif joué par l’élément temps, en formulant la pratique de manière scientifiquement précise et cherchant ensuite à appliquer ses théories de manière créative. Les premières expériences qu’il réalisa adoptent une organisation du temps dérivée de celle de la musique, que ce soit au niveau local ou général.
Il développa graduellement une extraordinaire maîtrise technique des combinaisons optiques et temporelles, et alla jusqu’à définir un véritable lexique archétypique de phénomènes moteurs construit sur la base de nuances de clair-obscur et de variantes directionnelles.
Réalisant son unique film Symphonie Diagonale, Eggeling résuma le fruit de ses recherches en un résultat artistique de haut niveau, avec l’intention de créer un film d’une absolue abstraction.
Bien que tous les problèmes connexes à l’organisation des arches temporelles sur de vastes échelles n’y soient pas résolus, il fut unanimement reconnu à ce film une fonction décisive à diriger et faciliter le travail des autres cinéastes.
En composant la musique pour Symphonie Diagonale, mon attitude envers le film a oscillé entre deux extrêmes. D’un côté, l’adhésion ponctuelle à sa dictée sémantique et rythmique à travers la recherche d’équivalents musicaux du contenu visuel, de l’autre une pleine autonomie ayant pour but de dessiner des arches formelles plus amples, là où le déroulement temporel du film devient moins fluide. La transition entre les deux attitudes est souvent dynamique et n’exclut donc pas leur présence simultanée. J’ai, par la suite, voulu voir dans le film un halètement chromatique, comme si son noir et blanc désirait, à travers l’élégance et la richesse des figures, devenir symboliquement couleur.