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Nono à Venise © D.R.

Helmut Lachenmann achève de détruire le grand appareil symphonique post-romantique, la plénitude du timbre orchestral. C’est la « musique concrète instrumentale » où le compositeur ausculte l’instrument comme s’il était ignorant de son fonctionnement pour une critique radicale du « son philharmonique » (Gran Torso le 20 à 20h). C’est l’exploration de ces franges harmoniques imperceptibles qui sont comme des protubérances solaires qu’on ne peut contempler que pendant les éclipses, dans la quasi-obscurité du silence de la musique de Sciarrino (Autoritratto nella note; Introduzione all’oscuro, le 22 à 16h). C’est l’harmonie statique aux motifs de tapis persan de Feldman, réponse de plasticien plus que de musicien à l’effervescente volubilité des musiques de son temps (The Viola in my life le 21 à 20h, For Stefan Wolpe le 27 à 20h). Ce sont encore les aphorismes dans le désert et la quête d’une intériorisation de l’écoute par la raréfaction du son dans l’espace, chez le dernier Nono (Fragmente-Stille, an Diotima le 20 à 20h ; No hay caminos le 22 à 16h) et Kurtág (…quasi una fantasia… le 24 à 20h). C’est l’Arte Povera de Pesson, brisant le son jusqu’à la poussière pour le remonter avec la précision horlogère d’un Ravel d’après Lachenmann (Bitume, le 20 à 20h), ou les jeux de disparition de Gervasoni (Tornasole, Concerto pour alto, le 21 à 20h). C’est le refus même de poser une main d’homme sur les sons chez Cage, parce que « le problème avec les sons, c’est la musique ». Cette volonté au mieux démiurgique, au pire impérialiste, d’imposer notre ordre à une nature qui se débrouille très bien pour être belle sans nous (But What about the Noise…le 27 à 20h).

Les installateurs ont aussi leur équivalent-silence : le vide, l’absence, la disparition des objets de contemplation. Une salle de concert sans instrumentiste où l’auditeur recrée l’interprétation par ses déplacements dans l’installation de Katharina Rosenberger. La pure mise en résonance d’une architecture chez Sun-Young Pahg. Deux installations où les vibrations sonores suggèrent le corps absent (les 20, 21, 22, 26, 27 et 28, 1h avant le début du premier événement).

Marc Texier
Dernière modification de la page: mardi 24 mars 2009. Ce site nécessite javascript.