Remix |

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Silence et bruit sont-ils les derniers refuges de créateurs étouffés par mille ans de musique ? Jamais société n’a autant thésaurisé, accumulant sans cesse sons et musiques dans le grand ventre de sa mémoire numérique où ils tournent sans fin. Face à cet héritage, chaque jour plus envahissant : silence, bruit… ou remix. Chacun utilise ces œuvres fixées pour une méta-musique composée d’éléments empruntés. Quelques années avant sa mort, Luc Ferrari entreprit de revisiter ses propres archives sonores, les offrant à des musiciens comme support de réécriture et d’improvisations. Venus du jazz, de l’électro, de la musique contemporaine, Sylvain Kassap, Hélène Breschand, eRikm et l’ensemble Laborintusnous proposent un spectacle vidéo-musical autour de ces archives (Archives sauvées des eaux, Austral, le 26 à 20h). Bianchi, Blinkhorn, Laubeuf en font des fresques radiophoniques (Concours Luc Ferrari, le 26 à 22h30). Lors d’une journée entièrement consacrée à Luc Ferrari (le 26), nous allons avec lui au bord de la Méditerranée. Il y pose ses micros dans un village de pêcheurs. Par abandon à la somnolence rêveuse ou respect écologique de la beauté naturelle du son, il les retouche à peine donnant naissance à trois chefs-d’œuvre de sensibilité poétique qui le rapprochent de Cage et de Nono. C’est le même désir d’intérioriser dans l’écoute l’acte de composition (Hétérozygote, Presque rien n°1 et n°2, les 26 et 27 à 12h30). Tournent enfin les sons sur la platine du DJ dans le rituel composé par Carlo Carcano qui convoque Radiohead, Aphex Twin, Nirvana, Rage Against the Machine, et les créations vidéo-lumineuses de Daniel Lévy au concert symphonique. Ainsi la boucle est bouclée. L’orchestre miné par le silence, a été bruyamment réveillé par un génie malicieux qui retenait tous les bruits du monde dans sa lampe électro-magique (Compressed Cry Chronicles, le 28 à 20h30, Bonlieu-Scène Nationale d’Annecy). |