Stefano Gervasoni |
« Concerto pour alto » 1994-1995 #28’ |
pour alto et quinze instruments ■ Comptine ■ Conte ■ Cantilène ■ Capriccio ■ Congé |

© D.R.
Stefano Gervasoni a composé un cycle de lieder sur des poèmes écrits directement en français par des auteurs dont ce n’était pas la langue natale: Ungaretti, Rilke, et Beckett. Il voulait souligner la similitude du travail du poète qui écrit dans une langue non-maternelle, et du compositeur qui doit penser un texte par la musique. Mais d’une certaine manière toute sa musique peut s’entendre comme un travail de traduction. C’est une musique clairement du second degré, et son Concerto pour alto pourrait être une translittération becketienne du concerto romantique. Des gestes virtuoses on n’entend plus que les prémisses: attaques aussitôt interrompues, arpèges arrêtés au bout de deux ou trois notes. De la confrontation du soliste et de l’orchestre on n’a plus qu’une épure quand dans le dernier mouvement l’alto solo concerte avec le seul alto de l’ensemble, son double, pendant que les autres musiciens s’en vont, ou agitent des cailloux dans leurs mains. C’est un concerto où tout semble flotter, ou rien de démarre vraiment, un fantôme de soliste se reconnait à des sonorités vaguement plus grasses ou raclées, à des rebonds, des oscillations qui ne donnent naisance à aucun mouvement, à des vélléités de phrases perdues dans la jungle des harmoniques du quintette à cordes, de la flûte glissante comme une shakuhashi, d’imperceptibles pédales de trombone. Il n’y a presque plus de discours; tout tient par l’incroyable imagination sonore de Gervasoni. |