Le projet initial de cette pièce s’inscrit dans une perspective qui définit mes recherches et qui tend à élaborer une dialectique centrée sur les rapports de couleur, d’épaisseur, de densité et de vitesse qui surgissent dès lors que la matière sonore et le timbre instrumental sont sculptés par l’écriture. Ici, les variations de plasticité, de rugosité et de transparence sont le plus souvent caractérisées par le développement de textures saturées (bruits blancs, souffle, sons complexes), qui s’opposent, se superposent ou fusionnent. De ces contrastes naît une articulation du temps, une nécessaire dramaturgie qui rythme la forme musicale.

Cette œuvre existe désormais dans deux versions différentes: l’une, composée en 2003, pour trente-cinq instruments, et la seconde, pour quatorze instruments, créée aujourd’hui par l’Ensemble Contrechamps. S’il s’agit de la même idée poétique, il m’est rapidement apparu que l’expression de cette image sonore dans un espace instrumental plus restreint permettrait de donner une signification nouvelle à cette musique, et, en opérant ce déplacement, de projeter les sons de manière différente, comme dans un miroir déformant.