Luc Ferrari |
« Presque rien n°2 » 1977 #21’ |
«Ainsi continue la nuit dans ma tête multiple», pour bande magnétique |

© Brunhild Ferrari
Presque rien n°2 revêt une rare originalité. Sous prétexte de nous décrire un paysage nocturne, nous pénétrons dans la tête du compositeur chez lequel la nuit est à son tour entrée. Presque rien n°2 est une œuvre déconcertante: elle nous emmène d’un extérieur déjà mystérieux et étrange, dans lequel nous sommes guidés par l’auteur – c’est lui qui nous initie à la découverte de cette nuit et de lui-même – à un intérieur encore plus étrange par sa qualité d’intérieur, de miroir, de psychanalyse de la nuit comme Luc Ferrari lui-même l’annonce dans sa présentation. Ce passage se fait de manière abrupte, par l’annonce d’abord de l’infiltration de la nuit dans sa tête et la perte de la transparence acoustique du monde qui nous entoure, apportant une construction harmonique et mélodique. De manière violente, ensuite, quand il nous annonce que la nuit est déchirée dans sa tête. Nous nous attendons au pire et nous ne sommes pas surpris par la violence de ce qui nous arrive, nous ne redoutons pas la persistance de cette violence entourée de sons rassurants de pluie et la décomposition de l’accord lancinant est une annonce d’un calme possible. Luc Ferrari construit une nuit pour nous, il la change constamment au gré de ses déambulations à la recherche d’un chant d’oiseau. Ensuite, la nuit compose une musique dans sa tête, ainsi veut-il que nous le comprenions et nous nous laissons prendre à ce jeu subtil et plein de promesses pour notre imaginaire. |
Portraits polychromes n°1
© INA