Lorenzo Bianchi |
« Ouest profond »
2009
#9’
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pour trombone et sons fixés |

© D.R.
«La solitude est la condition première de la soumission totale. Notre société n’est pas celle du spectacle, mais de la surveillance; sous la surface des images, on investit les corps en profondeur; derrière la grande abstraction de l’échange, se poursuit le dressage minutieux et concret des forces utiles; les circuits de communication sont les supports d’un cumul et d’une centralisation du savoir; le jeu des signes définit les ancrages du pouvoir; la belle totalité de l’individu n’est pas amputée, réprimée, altérée par notre ordre social, mais l’individu y est soigneusement fabriqué, selon toute une tactique des forces et des corps. Nous sommes bien moins grecs que nous le croyons. Nous ne sommes ni sur les gradins ni sur la scène, mais dans la machine panoptique, investis par ses effets de pouvoir que nous reconduisons nous-mêmes puisque nous en sommes un rouage.» Michel Foucault Les nouveaux media et les nouvelles technologies ont la capacité de tout contrôler et de tout savoir. Nous, de notre côté, jouons notre rôle en fournissant toutes nos coordonnées et toutes sortes d’informations sur des sites internet qui ressemblent de plus en plus à des nouveaux types d'archives – en évolution continue et contenant tous nos dossiers – plutôt qu’à des vitrines, même personnelles, comme il y a 5 ans. Je parle de toutes les communautés de social network (Facebook par exemple), très puissantes en ce moment, qui sont en train de changer la «démocraticité» du World Wide Web. En évitant toutes sortes d'éléments didactiques je cherche à faire référence à la condition de l'individu victime inconsciente de ce nouveau panoptique contemporain. Ma pièce est sombre, tendue, violente mais aussi intime car elle cherche à évoquer cette situation de solitude comme «condition première de la soumission totale». Comme hommage à Luc Ferrari et à sa musique, je crois que ce point de départ, intellectuel et en même temps social, est très stimulant. |