Succession pictographique en huit épisodes

Regarde, je soulève une partie du voile : glissons-nous dans la faille du tunnel

1. Déchirure de l’ombre
Déchirer l’opaque, le fissurer et le rendre friable.
Echapper à la turbulence et basculer de l’autre côté.
Sortir du cri et atteindre la naissance du chant.

2. Rêverie du départ
Des figures se forment dans l’avance du jour ;
une ligne se dessine et se gonfle parmi les reflets appartenant à la fois
aux phosphorescences de la nuit
et aux lueurs aérophanes du matin ;
elle se met à osciller et engendre un mouvement où se mêlent de nouveaux
pictogrammes…

…Nous voici à mi-chemin : changement du décor…

3. Trois aperçus du jardin qui s’éveille
a) Harmonica de brume

des tintements de verre, de l’ouate, de l’écume, un nuage…
Pour effleurer, caresser, plisser, froisser.

b) Ramages

des chapelets, un chahut, des babils, de éboulis…
pour brasser, couler, divaguer, amalgamer.

c) Silhouette de kiosque
des graffitis, un contour, des mirages, une effiloche de couleurs…
pour calligraphier, frissonner, délier.

…Avançons encore, voici la somme des plusieurs maisons connues : traces d’espaces
superposés, estompes de souvenirs mêlés…

4. Fantasmagories matinales dans la maison
a) En bas quelque part

un endroit incertain, entre le salon et la cuisine,
Avec la présence de quelqu’un en attente, qui épie ses propres sensations.
Mouvements furtifs, objets frôlés qui entrent en résonance.

b) Dans la chambre, dans la tête, le dernier rêve

Galops, tic-tacs et grelots du téléphone du rêve…
Communication intercontinentale entre le parterre du jardin qui entoure la maison et la jungle du jardin exotique.

c) entre les deux

ici, le centre d’aiguillage, le dédale et l’exutoire
escalier tremplin, plongeant, tournant suspendu comme un pont de cordes
pénétrer, monter, descendre, sortir, rebondir
cage d’escalier, cage d’oiseau
porte ouverte, fermée, dérobée
clefs de la porte, de l’armoire, de la cage, des songes, des champs…