Présentation
Fictions
Photo Régis Golay

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Le premier week-end d’Archipel sera consacré à ce frottement d’où naît l’étincelle de nouvelles formes. La narration organise le contact. La parole opère le frottement. La scène en est l’écrin.

Chez Aperghis/Cadiot c’est une sorte de folie douce. Une cantatrice obsessionnelle ressasse mots et notes, se dédouble à l’écran, ne sait plus si elle doit parler ou chanter (Tourbillons, MCP le 23.3 22h30).
Yannick Haenel explore les chambres mentales de son inconscient, il y trouve des objets soigneusement rangés déclenchant souvenirs et improvisations du contrebassiste Nicolas Crosse dont l’instrument polymorphe se fait guitare électrique ou chant de baleines (mise en scène de Lorenzo Malaguerra, et dix créations musicales, MCP le 25.3 14h).

John Cage n’a nul besoin de comparse pour inventer un art de la mixité. Musicien, poète, peintre, penseur (et mycologue réputé), c’est en s'inspirant des différentes facettes du créateur américain que Wilhem Latchoumia et Pierre Jodlowski ont imaginé ce récital-spectacle pour piano préparé, piano-jouet, film et radios vintages lors duquel sept compositeurs rendent hommage par leurs créations à celui qui serait aujourd’hui centenaire… et toujours jeune (MCP le 25.3 17h).

Constatant que certains instruments sont inconciliables, Bernd Alois Zimmermann en tire une anti-sonate dans laquelle le violoncelle prend le pas sur le piano. Arne Deforce développe le concept, unissant dans un concert scénarisé, Schubert et le Complexisme (création de Barrett), Beckett et le réalisateur «culte» des adolescents (Not I filmé par Neil Jordan) (MCP le 24.3 18h). Inconciliables, vraiment ?

Explorant le langage comme un corps étranger, Vincent Barras, Jacques Demierre, Caroline Bergvall et le collectif «Encyclopédie de la parole» imaginent un spectacle de la voix, des poumons aux lèvres, du compréhensible à l’étrange, poésie sonore née de la voix théâtrale (Grütli le 25.3 20h).

Enfin, l’installation sonore et plastique de Jodlowski, long tunnel interactif visitable en permanence à la Maison Communale, diffuse et mixe les souvenirs de 56 personnes. Mots, échos de l’enfance, promenades parmi les sons qui nous ont bercé : la substance même de la fiction (MCP du 23.3 au 1.4).

Ce premier week-end est aussi l’occasion d’un hommage à Maurice Ohana, musicien solaire, à redécouvrir absolument, homme libre n’écoutant comme Debussy «que les conseils du vent qui passe» - dans la mesure où celui-ci venait du Sud. Maurice Ohana dont l’Orchestre de Chambre de Genève et les Solistes de Lyon présentent trois des chefs-d’œuvre inspirés de la Méditerranée (celle de Llorca et d’Alphonse le Sage), et des rites afro-cubains (MCP le 23.3 20h).

Après l’exceptionnel concert de clôture du festival de l’an passé, nous souhaitions ardemment faire revenir l’Ensemble Orchestral Contemporain, l’une des meilleures phalanges contemporaines françaises. Ils joueront Jarrell et deux créations d’Adamek et Sakai, jeunes compositeurs parmi les plus remarqués de la scène européenne.

Marc Texier
directeur d'Archipel