En ayant le plaisir d'accueillir les Journées de la Création de l'Association Suisse des Musiciens, Archipel propose quatre journées intenses à la découverte des compositeurs et interprètes suisses. Topographie d’un pays qui condense en ses frontières toute la richesse d’un continent.
À la croisée des influences allemande, italienne et française, forte d'un réseau de hautes écoles réputées attirant sur son territoire de nombreux musiciens étrangers, notamment d'Amérique du Sud et d'Asie, riche d’un milieu alternatif dynamique qui renouvelle la musique expérimentale, la musique suisse révèle une exceptionnelle diversité et vitalité. Une programmation «suisse» est tout sauf helvétique, elle est européenne, carrefour d'un continent où une longue tradition d'accueil favorise le brassage des cultures.
Le panorama est aussi fidèle que possible. Toutes les générations de la musique contemporaine suisse sont représentées, depuis les maîtres incontestés (Huber, Holliger, Gaudibert), les disparus (Delz, Furrer-Münch), jusqu’aux plus jeunes (Bianchi, Sinnhuber, Thirvaudey, Jaggi, Vassena), sans oublier la génération intermédiaire à la carrière internationale remarquée (Jarrell, Dayer, Kyburz, Furrer…) et ceux, étrangers, qui se sont installés en Suisse (Haas, Mundry). De nombreuses créations jalonnent ce parcours.
Une large place est faite aussi à de très jeunes musiciens encore étudiants des hautes écoles de musique de Genève, Lausanne, Berne, Zürich et Lugano. C’est là un vivier exceptionnel : la soprano japonaise, la violoncelliste suisse, y croise le compositeur chinois ou colombien. Étudiant avec Jarrell, Dayer, Haas ou Mundry, bénéficiant d’une formation électroacoustique au Centre de Musique Électronique de Genève ou à l’Institut for Computer Music and Sound Technology de Zürich, ces jeunes compositeurs présentent leurs travaux dans nos «salons d’écoute» au théâtre Pitoëff (créations électroniques et mixtes de Sylvestre, Vallejos, Elipe, Qian, Ratoci, Stofer, Kurth, Wetzel, Meyer-König). Le festival fera aussi une large place à de jeunes solistes formés en Suisse qui débutent une brillante carrière : Ayumi Togo (soprano), Karolina Öhman (violoncelle), Antoine Françoise (piano), Gian Paolo Peloso (violon)…
Ouvert au spectacle vivant et aux formes alternatives, après un premier week-end de créations littéraires et théâtrales (Haenel, Cadiot, Malaguerra, Aperghis, Bergvall, Encyclopédie de la Parole) et l’installation de Jodlowski, Archipel continue d’explorer les marges de la musique contemporaine, points de jonction des imaginations : slam, poésie sonore, musique improvisée, pop expérimentale, noise… Avec Jonas Kocher et la Cave 12, nous proposons trois soirées expérimentales où vibre l’invention : concerts et performances de Christian Wolfarth, Antoine Chessex, Joke Lanz, Paed Conca/Raed Yassin, Bertrand Denzler, Insubordinations Meta Orchestra… (théâtre Pitoëff).
Les concerts traditionnels ne sont cependant pas oubliés, avec nos partenaires fidèles : Contrechamps, Namascae, Eklekto, Vortex, Swiss Chambers Soloists, Ensemble Orchestral Contemporain, Quatuor Diotima, les musiciens des hautes écoles de Genève et Lausanne, la première venue de l’ensemble Phoenix de Bâle, des Solistes de Lyon, le retour de l’Orchestre de Chambre de Genève.
Au total, une centaine d’œuvres dont la moitié est en création. Une pérégrination pleine de surprises à travers tous les plis et replis de la culture suisse. Cartographie d’un pays proche et lointain, connu, caché, isolé, ouvert. Lors d’Archipel 2012, quarante compositeurs «autochtones» dialoguent avec autant d’autres, mais de vingt pays différents. À l’image de cette singularité de la culture helvétique faite de contradictions surmontées par le débat et la raison.