Je me souviens de ce jour d’août 1992 quand, au pied des escaliers de la Piazza di Spagna à Rome, j’ai lu dans le journal la nouvelle de la mort de John Cage. Voyant la célèbre fontaine de cette place, j’avais pensé aussitôt lui dédier un sursum corda, une sorte d’harmonie poétique et fungique d’après son Fontana Mix.

cage in my car est cet hommage différé dont le projet de Wilhem Latchoumia me donne enfin l’occasion. Cette musique - un tressé de marches funèbres souvent joviales, parfois furieuses, et de carillons amicaux - est un salut, une « étude au sourire ».

Le titre renvoie à une promenade à Paris dans mon vieux cabriolet Peugeot 204. Cage était très loquace, tout excité par une partition qu’il venait de finir et qu’il me montrait en secouant la feuille, le Perpetual Tango d’après Satie. Sa veste bleue, son rire légendaire. Je me rappelle parfaitement son accent, son intonation quand, au moment où j’allais le raccompagner, il m’a dit : « J’habite à Les’Z’Halles ». C’était en 1984.