Œuvres

Hanspeter Kyburz
still and again  2011 #27mn
trois Arias de OYTIS, sur des textes de Sabine Marienberg, pour soprano, ensemble et électronique
Joué le 31 mars à 20h

D.R.

Still and again est composée de trois arias tirées de Outis opéra expérimental pour soprano (Pénélope), danseur (Ulysse), ensemble et électronique live, dans lesquels déclamation et chorégraphie se déconstruisent mutuellement. Les trois arias non interactives de Still and again ont pour thème l'isolement de Pénélope.

I. Pénélope solo

I.1

Opposant le silence au silence

Temps cristallisé dans un brouillard

Immobile, sentant mes sens

En veille, sans surveillance

Mon intérieur fait d'échos

Mené par un pouls incertain

Une illusion ou une lointaine réponse

Opposant le silence au silence

Le regard vide, en d'incessantes visions

Dans une agitation perpétuelle

Mes jours sont à présent mes nuits

Qu'un effleurement pourtant transformerait

Et des sons, et des voix absentes

S'infiltrent dans ma peau

I.2

Condamnée à être liée

Déliant, enlacée

Condamnée à être enracinée

Dans l'un ou l'autre pire –

Personne maintenant

Déliant, enlacée

Dans ta présence

de là ton visage

à quoi faisant face

quand autrefois tes mains

partout où toi

dont les mots

pour qui

Condamnée à attendre

De néant à néant

Détissant

Qui donc le linceul

Ou le voile

étendue nue

mes hanches ignorées

exposée

ma dépouille mortelle

mes hanches ignorées

os déliés

De personne l'épouse

Mais de toi

I.3

Puisqu'on dit que nous ne faisons qu'un

cerise égale cerise

ambivalente étreinte éternelle

Lèvres mordues en deux

«Elle se griffe le visage!»

cerise égale cerise égale cerise

Tombée, dans des contorsions, tombée

Partageant une ombre ou aucune

«Ses cheveux poussent toujours!»

cerise égale cerise

Le souffle se noyant dans le souffle

agenouillée, tombée, agenouillée

«Ses membres dans un déchirement fébrile!»

Gagnèrent des ailes

II. Pénélope solo, Ulysse passif

Derrière encore de la vie, de la vie encore

Sans regret

Mes yeux toujours las

Comme dénués de paupières, portent

Ce qui fut et sera

Tu n'as pas besoin de savoir

Je serai ta parole parmi les murmures

abandonnerai à mon éclosion pour la tienne

Car le temps n'est que temps

Deux égale un

Ingénieux, ainsi on te nomme

Je te guiderai pourtant

En éveil et en attente

Je serai ta voix parmi les eaux

Des vagues du vent à la houle

Précitée et présagée

Toute en dissimulation et en révélation

D'un oubli apaisant reviens pour trouver

Cent horizons de rire

Le perdu sera gagné

Du bois flottant à la branche

nos matins nous attendent

Plus vaste que la mienne est ta patience

reviens, reviens

De la dérive au rivage

Sans mémoire, inconscient

Le parfum de la peau couleur d'olive

Donne ta parole en retour de la mienne

De nouveau

III. Pénélope et Ulysse

À qui le déguisement,

à qui l'apparence... qui donc –

Tu ne sais pas

Qui es-tu pour m'humilier

Encore et pourtant... encore

Ces sourires errants

Je redoute ta voix

Fais silence

Comment t'es-tu permis de m'apporter

Le toucher et les manières des mains

Dorénavant – après tout

Touche-moi, ne me touche pas

Tu ne sais pas

Encore et toujours... mais encore

Ta présence

M'envahit de l'intérieur

Trouve-moi

Sans que m'entendent

La joie passée et la joie à venir

Touche-moi, trouve-moi

Encore

Sabine Marienberg
traduit de l'anglais par Architexte