Still and again est composée de trois arias tirées de Outis opéra expérimental pour soprano (Pénélope), danseur (Ulysse), ensemble et électronique live, dans lesquels déclamation et chorégraphie se déconstruisent mutuellement. Les trois arias non interactives de Still and again ont pour thème l'isolement de Pénélope.
I. Pénélope solo
I.1
Opposant le silence au silence
Temps cristallisé dans un brouillard
Immobile, sentant mes sens
En veille, sans surveillance
Mon intérieur fait d'échos
Mené par un pouls incertain
Une illusion ou une lointaine réponse
Opposant le silence au silence
Le regard vide, en d'incessantes visions
Dans une agitation perpétuelle
Mes jours sont à présent mes nuits
Qu'un effleurement pourtant transformerait
Et des sons, et des voix absentes
S'infiltrent dans ma peau
I.2
Condamnée à être liée
Déliant, enlacée
Condamnée à être enracinée
Dans l'un ou l'autre pire –
Personne maintenant
Déliant, enlacée
Dans ta présence
de là ton visage
à quoi faisant face
quand autrefois tes mains
partout où toi
dont les mots
pour qui
Condamnée à attendre
De néant à néant
Détissant
Qui donc le linceul
Ou le voile
étendue nue
mes hanches ignorées
exposée
ma dépouille mortelle
mes hanches ignorées
os déliés
De personne l'épouse
Mais de toi
I.3
Puisqu'on dit que nous ne faisons qu'un
cerise égale cerise
ambivalente étreinte éternelle
Lèvres mordues en deux
«Elle se griffe le visage!»
cerise égale cerise égale cerise
Tombée, dans des contorsions, tombée
Partageant une ombre ou aucune
«Ses cheveux poussent toujours!»
cerise égale cerise
Le souffle se noyant dans le souffle
agenouillée, tombée, agenouillée
«Ses membres dans un déchirement fébrile!»
Gagnèrent des ailes
II. Pénélope solo, Ulysse passif
Derrière encore de la vie, de la vie encore
Sans regret
Mes yeux toujours las
Comme dénués de paupières, portent
Ce qui fut et sera
Tu n'as pas besoin de savoir
Je serai ta parole parmi les murmures
abandonnerai à mon éclosion pour la tienne
Car le temps n'est que temps
Deux égale un
Ingénieux, ainsi on te nomme
Je te guiderai pourtant
En éveil et en attente
Je serai ta voix parmi les eaux
Des vagues du vent à la houle
Précitée et présagée
Toute en dissimulation et en révélation
D'un oubli apaisant reviens pour trouver
Cent horizons de rire
Le perdu sera gagné
Du bois flottant à la branche
nos matins nous attendent
Plus vaste que la mienne est ta patience
reviens, reviens
De la dérive au rivage
Sans mémoire, inconscient
Le parfum de la peau couleur d'olive
Donne ta parole en retour de la mienne
De nouveau
III. Pénélope et Ulysse
À qui le déguisement,
à qui l'apparence... qui donc –
Tu ne sais pas
Qui es-tu pour m'humilier
Encore et pourtant... encore
Ces sourires errants
Je redoute ta voix
Fais silence
Comment t'es-tu permis de m'apporter
Le toucher et les manières des mains
Dorénavant – après tout
Touche-moi, ne me touche pas
Tu ne sais pas
Encore et toujours... mais encore
Ta présence
M'envahit de l'intérieur
Trouve-moi
Sans que m'entendent
La joie passée et la joie à venir
Touche-moi, trouve-moi
Encore