Œuvres

Gérard Zinsstag
Cinq petites études sur les résonances  2008-2009 #09mn
pour piano
Joué le 29 mars à 17h30

D.R.

Cordes en sourdine, troisième pédale, dépression silencieuse des touches - réalisée de façon à libérer les vibrations par sympathie - sont des éléments qui m'ont préoccupé depuis la première à Darmstadt de suono reale, Musik für ersticktes Klavier (1975 ) avec Christoph Delz. Oeuvre extrême dans laquelle 95% des cordes étaient étouffées.

Le processus est le même pour ces cinq petites études, simplifié, puisque seulement cinq cordes sont assourdies (selon une technique qui change simplement l'intensité de la note dont la hauteur reste identique).

La première étude, Toccata interrompue, commence par une fanfare (senza misura) alternant des quintes et des accords parfaits. Avant le début, cependant, l'interprète utilise la troisième pédale pour maintenir les étouffoirs sur les cinq cordes assourdies. Chaque fois que l'une de ces cinq cordes est frappée, l'ensemble oscille, seul et libre, coloré par la mise en sourdine. Cette étude est assez simple, explorant une suite de Fibonacci qui se multiplie de bas en haut (et vice versa).

La seconde étude, Entrelacs, est composée de mesures complexes et irrégulières dans un tempo virtuose, bavard, agile. Une fois de plus les cordes en sourdine y jouent un rôle. L'étude se termine par une cascade de notes virtuoses «à la Ravel».

La troisième étude, Interlude, joue avec des glissandi arrangés en polyphonie et soumis à des vitesses variables. L'interprète est autorisé à une certaine liberté dans leur organisation.

La quatrième étude, Solennel, revient à l'utilisation thématique des cordes étouffées. Des blocs de notes révèlent l'impressionnant potentiel de résonance des cordes graves assourdies.

La cinquième étude, Le jeu des tierces, est de nouveau librement structurée autour d'une suite de Fibonacci. Acrobatique (presque romantique?), s'y déploient progressivement des gestes conventionnels et des accords jusqu'à une coda musculaire.

Gérard Zinsstag