Les trente pièces de Ries faisant intervenir la flûte ont presque toutes été composées entre 1814 et 1824, à l'époque de son séjour à Londres.

Leur caractère hors normes dans la littérature pour flûte est certainement la raison qui explique que les quatuors Op. 145 et le quintette Op. 107, bien qu'écrits en Angleterre respectivement en 1814-1815 et vers 1818, ne furent publiés qu'en Allemagne quelques années plus tard. Tout aussi significatif est le fait que Ries se heurta au refus de tous les éditeurs pour faire publier ses trois derniers quatuors (WoO 35).

Les quatuors de Ries prennent une importance particulière, et frappent en premier lieu par leurs qualités concertantes. La flûte se voit certes confier de brillants passages, mais les développements comme la thématique sont toujours répartis aux quatre instruments. L'individualité expressive de chaque voix, le dialogue entre les protagonistes aussi original que constant, en font des pages à marquer d'une pierre blanche dans le répertoire, probablement les meilleures du genre après celles de Mozart.

Les remarquables qualités concertantes, expressives et virtuoses de ces pages s'expliquent en partie par le fait que Ries possédait déjà une solide expérience en matière de musique de chambre, notamment dans le domaine du quatuor à cordes. Mais elles nous poussent également à nous poser des questions sur les relations qu'il aurait pu éventuellement entretenir avec certains flûtistes en particulier. Malheureusement, l'abondante correspondance du compositeur ne nous livre aucune véritable information à ce sujet. Tout juste sait-on que le Quintette Op.107 fut bien destiné à un musicien professionnel en la personne de Charles Saust, et il est permis de supposer que les quatuors WoO 35 furent écrits à l'intention du grand virtuose Anton-Bernhard Fürstenau.