Calendrier
vendredi 30 mars 17h
Maison Communale de Plainpalais, salle des assemblées
Conférence
Autour du geste poétique et du geste compositionnel1h
par Philippe Albèraentrée libre
 
 
avec le soutien de la Fondation UBS pour la Culture
 

Les rapports entre texte et musique ont subi des transformations profondes après la Deuxième Guerre mondiale: tandis que les compositeurs dépassaient la simple transposition musicale de la sémantique des poèmes au profit d'un travail sur leur dimension phonétique, les poètes sonores franchissaient dans l'autre sens la frontière entre le son et la signification, en ayant recours notamment aux moyens électroacoustiques.
Ainsi, Luciano Berio voulut « libérer la voix » en explorant les différentes modalités des rapports texte-musique et les différentes formes de vocalité, jusqu'à l'intérieur du genre opéra.
Luigi Nono pulvérisa les poèmes dans son écriture chorale puis intégra dans le continuum électroacoustique les différentes formes d'expression vocale, de la parole au cri. Klaus Huber a progressivement suivi un même chemin.
Pierre Boulez transposa les textes de Char, Mallarmé ou Cummings dans une écriture musicale qui les absorbe et où ils sont à la fois « centre et absence » du travail compositionnel.
Des compositeurs comme Maurizio Kagel, Georges Aperghis, Helmut Lachenmann, György Ligeti, Brian Ferneyhough ou Dieter Schnebel traitèrent eux aussi le texte comme un matériau sonore, développant les relations entre des formes langagières préverbales et leurs significations expressives ou gestuelles, jusqu'aux formes d'un théâtre critique ou de l'absurde.
Une mise en musique plus traditionnelle des textes demeure toutefois chez certains compositeurs, comme c'est le cas par exemple chez Kurtág, pour qui le rapport à la poésie est central. Il en va de même chez Michael Jarrell. Là, c'est le sens des textes qui suscite l'invention musicale et qui détermine sa forme.
Comme par le passé, les compositeurs attirent l'attention sur des poètes avec lesquels ils tissent des relations privilégiées. Des liens substantiels relient Boulez à Char et Mallarmé, Nono à García Lorca, Pavese ou Maïakovski, Berio à Joyce, Cummings ou Sanguineti, Huber à Cardenal et Mandelstam…
À travers de telles rencontres, musiciens et poètes ne cessent d'interroger le rapport entre le son et le sens, mais en partant de deux directions opposées.