Auteurs

Jean Barraqué
Compositeur français né le 17 janvier 1928 à Puteaux, mort le 17 août 1973 à Paris
Quatuor à cordes joué le 1er avril à 14h

D.R.

Compositeur exclusivement et fièrement sériel ses oeuvres sont de celles qui marquent une époque. Les deux premières sont la Sonate pour piano (1950-1952) et Séquence pour soprano, ensemble instrumental et percussions (1950-1955). La Sonate, la plus monumentale peut-être depuis la Hammerklavier de Beethoven. Elle ne fut créée - au disque ! - qu'en 1957, et on ne l'entendit en concert qu'en 1967.

Barraqué, fasciné notamment par le concept de méditation à l'orée de la mort, conçut le projet (que sa démesure voulue condamnée d'avance à l'inachèvement) d'une vaste série de compositions, du piano solo à l'opéra.

La mort prématurée du compositeur, ainsi que la lenteur qu'il apportait à l'acte d'écrire, comme s'il s'agissait à chaque instant d'une question de vie ou de mort, ne lui permirent de mener à bien que ...au-delà du hasard pour quatre formations instrumentales et une formation vocale (1958-59, création en 1960) ; Chant après chant pour soprano, piano et 6 percussionnistes (1966) ; le Temps restitué pour soprano, soprano dramatique, choeur mixte à 12 voix et 31 instruments (1956-1968, création en 1968), et Concerts pour clarinette, vibraphone et 6 formations instrumentales (1968).

Toutes ces partitions unissent la rigueur intellectuelle la plus intransigeante et le romantisme le plus généreux et le plus ardent : c'est ainsi notamment que Barraqué pût s'inscrire dans la descendance de Beethoven, maître qu'il vénérait par-dessus tout.

« La musique, c'est le drame, c'est le pathétique, c'est la mort » disait-il. Cet athée solitaire, qui ne vivait que pour la musique, laissa peut-être la musique le détruire. Conscient de sa valeur, il vécut et travailla en marge de la vie musicale. Son bagage ne représente que trois heures et demie de musique, mais peut-être faudra-t-il plusieurs générations pour en mesurer la profondeur et les résonances. Auteur également d'une importante monographie sur Debussy (Paris, 1962) et de Debussy ou la naissance des formes ouvertes, thèse pour le C.N.R.S. (1962), il laissa à sa mort, en état d'inachèvement et sous un aspect à peu près indéchiffrable, Lysanias pour solistes, choeurs et grand orchestre, les Portiques du feu pour 18 voix a capella et les Hymnes à Plotia I pour quatuor à cordes et II pour piano, cela sans compter divers projets parmi lesquels, pour la scène, l'Homme couché.

Dictionnaire de la musique, sous la direction de Marc Vignal, Larousse-Bordas, 1996.