Figure emblématique du Moyen-Âge, Guillaume de Machaut fut l'un des compositeurs et poètes français illustrant par son œuvre les nouvelles préoccupations d'écriture proposées par Philippe de Vitry et Jean de Mauris dans leur célèbre traité Ars novae musicae;
un titre qui, par extension, va désigner toute la musique du XIVe siècle. Cette période de l'histoire de la musique est principalement marquée par un renouvellement rythmique et sa notation. Dans un premier temps, les musiciens rompent avec l'absolutisme ternaire pour ensuite s'émanciper progressivement de l'écriture contraignante des modes rythmiques au profit du rythme libre. L'œuvre de Machaut se situe donc à l'instant de cette modernisation et de cette libération de la polyphonique. Certains traits d'écriture compositionnelle proposés dans ces lais, virelais, rondeaux, ballades, messes ou encore motets pourraient être considérés comme le reflet sonore de la complexité architecturale des édifices gothiques; isopériodicité et isorythmie s'associent tantôt pour constituer un summum de structure rationnelle musicale.
À la fois, religieux, clerc, chanoine à la cathédrale de Reims, écrivain et compositeur, Guillaume de Machaut nous transmet son parcours de vie par l'intermédiaire de ses poèmes et récits. Vers 1323, il entre au service de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, en tant que clerc et secrétaire. Cette fonction lui permet de voyager à travers l'Europe pour finalement se fixer à Reims en 1340, ville où, bénéficiant d'un canonicat, il a l'opportunité de rédiger la plupart des ses œuvres. L'attitude de cet érudit face à sa production littéraire et musicale est par ailleurs nouvelle et relève une profonde conscience créatrice. En effet, Machaut est l'un des premiers artistes qui compile ses œuvres et s'exprime au sujet de ses méthodes d'écriture, une attitude rarissime pour l'époque. On pourra donc le considérer comme l'un des premiers compositeurs de l'histoire.